Entrée : Le Plein

Tout compte rendu en pays d’Arles espère commencer ainsi. Li Pichot Galapian ont de quoi être satisfait, il aurait fallu pousser les murs. Tout le monde a fini par trouver sa place dans la salle des fêtes en serrant les rangs, rajoutant des chaises et en tapissant les murs.

Et la soirée valait un détour.

Au programme étaient prévus les points de règlement de l’élection, le déroulement de cette élection, et un détour dans le temps avec une retrospective des 19 reines du Pays d’Arles.

Les candidates doivent être de nationalité française, être nées en Arles ou en Pays d’Arles. Si elles sont nées hors la ville, elle doivent être issues de parents nés en Arles ou en Pays d’Arles. Elle doivent être agées d’au minimum 18 ans et d’au maximum 24 ans. La reine sera élue le Premier Mai pour un mandat de trois ans non renouvelable.

La reine du Pays d’Arles et ses demoiselles d’honneur seront choisies pour " leur culture générale, leurs connaissances en histoire, patrimoine arlésien, littérature et langue provençale, us et coutumes du Pays d’ Arles.. [1]

Laure déroule les détails du règlement, détails commentés par Nathalie XIXème reine d’Arles et Marjorie Isouard demoiselle d’honneur, venues apporter leur expérience et leur savoir à cette veillée.

Cette première partie dérive doucement vers l’expérience vécue. Trois années sont suffisantes. Personne ne doute qu’il doit être difficile de concilier vie privée et ce rôle de Reine en représentation publique une à deux fois par semaine.
Difficile, mais pas impossible, Nathalie a terminé ses études en oenologie et Marjorie présente un concours de professeurs des écoles à la fin du mois. Mais, "il faut qu’on se fatigue un peu" glisse Nathalie.

Dans ce rôle de représentation, tant la reine que sa demoiselle d’honneur insistent sur l’aspect culturel. Marjorie et Nathalie incitent les prétendantes à ne pas hésiter à prendre la parole, à faire des discours chaque fois qu’elles en ont l’occasion.
Et en provençal, de segur...
Certes, la pratique de la langue n’est pas imposée par le règlement, mais il faut reconnaître que la musicalité de la langue de Mistral donne aux discours des demoiselles une dimension toute autre.
Les chato ne sont pas des poupées barby, elles ne sont pas non plus des statues, gardiennes des traditions, se plait à remarquer Marjorie, mais elles sont actrices de cette tradition et doivent agir en tant que telles. Loin du piedestal sur lequel on aurait pu les imaginer, elles sont au centre de la foule qui se presse autour d’elles. L’atout le plus important de la reine est sa sociabilité. La communication, le contact avec les autres est le trait le plus significatif de toutes les sorties.

Pourtant, alors que tous les villages avaient leur reine, Arles s’est placée un cran au dessus. Pour comprendre la raison de cette envolée, il faut faire un détour dans le temps, en mars 1930, lorsque le premier règlement paraît dans l’Homme de Bronze.

L’élection se passe alors sur un jour, le jour du couronnement. Une première reine est élue ainsi que huit demoiselles d’honneur par un jury comptant entre autres Léo Lelée et Joseph d’Arbaud.
Angèle Vernet est cette première reine d’Arles et va régner 17 ans.
Un règne exceptionnellement long, le plus long de tous, traversant la seconde guerre mondiale.

Peut être faut il chercher dans la personnalité de cette reine l’aura dont a ensuite bénéficié cette charge.

La seconde reine a été Maryse Orgeas, de 1947 à 1954. Elle a été choisie parmi 50 prétendantes. Le jury n’est pas moins capé que le précédent, comptant dans ses rangs le Maire de la ville, Leo Lelée et... Angèle Vernet. Maryse affiche une personnalité toute autre, préférant défiler à pied quand Angèle était à cheval.

Là encore... Maryse a transcendé son rôle...

D’un règne à l’autre toutes ces demoiselles ont su apporter un peu plus que la précédente, autre chose. Une autre conception de cette ambassade. La timide Madeleine Boyer, La blonde Henriette Bon qui a fait fondre Dimitri Krouchev, la très provençaliste Elisabeth Feriol, ou la très érudite en costume Odile Pascal, la jeune Géraldine Barthélémy, agée de seulement 16 ans à son couronnement, Annick Ripert la reine aux bijoux...
Différents héritages ont façonné cette fonction.

Le règlement va également évoluer, se parfaire. Depuis Odile Pascal, le règne ne dure plus que trois années . Catherine Sautecoeur, la plus jeune demoiselle d’Honneur de Carole Bressy a pu la dernière se représenter et devenir reine à son tour.
L’élection va changer, se passant en désormais en plusieurs temps. Alors que tout se passait le matin de l’élection, les dossiers sont maintenant analysés fin janvier. Puis, les demoiselles retenues sont réunies, accompagnées pour des visites des musées et de la ville d’Arles, elles profitent même d’une journée au Mas des Bernacles en comité privé, histoire de sceller les amitiés. Enfin, la sélection passe par une épreuve écrite, une séance lors de laquelle elle démontre leur capacité à se coiffer, jusqu’au jour crucial où elles seront confrontées au jury composé par le Comité des Fêtes.

Cette dernière séance tourne autour des thèmes importants.
Nathalie raconte... Dans son jury se trouvaient Mmes Calais, Serena, Pascal, Lambert, et Mrs Yonnet, Venture et Soulier. Les questions ont tourné autour des fêtes, des musées, de l’évolution du costume, d’un texte écrit en provençal, pour finir par une question de Frédéric Soulier : "Ca y est vous êtes élue... Vous faites votre discours, que dites vous ?"

Nathalie Chay s’apprête à transmettre le flambeau. Elle est heureuse de ces trois années, ses plus beaux souvenirs maintenant en tête...

Elle laisse son héritage, son empreinte. Annick Ripert avait été la reine au Bijoux. Sous son règne, Mr Colcombet avait fait don à la Reine d’une rivière de diamants, un médaillon avec les boucles d’oreilles, deux broches et deux bracelets, dont un coulas. Les bijoux de la reine se sont vus enrichir sous ce règne d’une médaille de Saint Georges, don d’un anonyme, d’une broche en forme de trèfle donné par la boutique Passé Simple, et du page d’Angèle Vernet, première reine d’Arles offert par Elisabeth Feriol.
Nathalie et ses demoiselles ont offert enfin à la postérité un calendrier réalisé par Gilles Martin Raget.

Et des montagnes de photos, des discours vibrants, une présence presque ubiquitaire...
Et une promesse. La passation de pouvoir aura lieu le 6 juillet. Entre la fête des gardians et la fête du costume, elles seront là pour accueillir et accompagner la nouvelle reine et ses demoiselles d’honneur.

Merci Majesté

Et merci aux Pichot Galapian

Les Podcasts de la Soirée

Discours d’Introduction par Laure
Marjorie parle de l’importance de la langue
Les sorties de la Reine
Mariage et Naissance
Les limites du Pays d’Arles
Un mandat de Trois ans
Le nombre des demoiselles d’Honneur
Les premières reines d’Arles
Les bijoux de la Reine
Le choix du jury
Des questions en 2005
La création du Calendrier
Enrichissement
Une main tendue
Le mot de la fin



[1Le règlement peut être consulté sur le site de la Reine d’Arles : http://www.reinedarles.com/reglement.php