L’année 2010 est consacrée à Joseph d’Arbaud, décédé il y a 60 ans.

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Né en 6 Octobre 1874 à Meyrargues et élevé dans le respect de la langue provençale, Joseph d’Arbaud en fut un fervent défenseur. Après un passage chez les jésuites, il apprend le droit à Aix, avant de plaquer ses études en 1898 et de partir garder des bêtes en Camargue.

Il devient alors manadier à l’image et l’exemple de son cousin Folco de Baroncelli Javon. Il passe ainsi deux ans aux Saintes Maries de la Mer avant de s’établir plus à l’Est entre Les Rièges et Plan de Bourg. Mais en 1904 la tuberculose le contraint à s’exiler en Suisse.

Sa vie camarguaise aura été de courte durée, mais pendant ces quelques années il a appris la Camargue au point d’en devenir un de ses plus grands artistes.

Ce 17 Avril 2010, le comité des fêtes d’Arles, la Confrérie des Gardians de Saint Georges et la Nacioun Gardiano ont voulu lui rendre hommage. Un hommage qui commence à la Tour du Valat pour la projection d’un film sur le poète, se poursuivant par quelque mots de la part de Remi Venture et Claudette Ocelli. Enfin, une stèle a été posée là, ici, juste à l’endroit où un gardian, Jacques Roubaud a croisé la route d’un Faune en 1417.

Sur la route de Fielouse entre les Etangs du Redon et celui du Fournelet, une chasse étrange a permis la rencontre entre un homme et un demi Dieu. La Bête du Vaccarès a envouté le gardian, tout comme la Camargue a envouté son auteur. Le récit de D’Arbaud est lancinant, magique. Et si la bête était toujours là ? qui peut dire combien de temps vit un tel personnage...

La Camargue d’aujourd’hui ne ressemble plus à celle du poète, à celle du gardian. Les routes et véhicules a moteur ont tué plus certainement que les outrages du temps le souvenir de la bête. Il reste des traces quelquefois, des bruissements de roseaux, bien peu de monde pour les analyser, et trop de barrages pour permettre à la bête de venir rassembler tous les cornus de Camargue au cœur d’un Vaccarès asséché.

Il ne restait rien, il y a maintenant une plaque. C’est bien, les choses sont en ordre.

Les gardians parlent peu, mais sourient lorsqu’un héron décolle à leurs pieds, surpris. Ils soupirent quand ils retrouvent une vache qui s’était écartée pour mettre bas, ferment les yeux quand les mâles mugissent au petit matin.

Un poète est mort il y a 60 ans, et sa poésie est inscrite aujourd’hui dans la pierre, dans les roseaux et dans le cœur des hommes qui continuent à faire la Camargue.

Aujourd’hui les simbèu de cette Camargue rêvée par d’Arbaud sont présents. Mr le Maire d’Arles président du Parc Naturel Régional de Camargue, La confrérie des Gardians, la Nacioun Gardiano, le collectif Provence, la Reine d’Arles et Mr Hubert Yonnet l’un des derniers représentants des forgerons de ce delta dans lequel fleurit le sel.

« Cette terre est la dernière où j’ai trouvé un peu de paix et cette solitude sacrée à travers laquelle, jadis, je me plaisais à exercer ma jeune force, quand je régnais, maître du silence et de l’heure, maître du chant innombrable qui aux étoiles, des insectes de la plaine , monte, s’échange et se diffuse dans les gouffres de l’immensité. Ici, à travers ces vases salées, coupées d’étangs, et de plages sablonneuses, en écoutant les beuglements des taureaux et le cri de tes étalons sauvages, en regardant, tapi, le jour, à l’horizon, trembler les voiles du mirage sur la terre chaude, en regardant, la nuit, danser sur les eaux de la mer la lune étincelante et nue, j’ai connu quelque temps ce qui, pour moi, peut ressembler au bonheur. »

La Bête du Vaccarès, Joseph d’Arbaud

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