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L’histoire des jeux de boules remonte à l’antiquité. Les grecs jouaient alors à la sphérique, utilisant des galets de pierre. Les romains aussi s’adonnaient à ce loisir, utilisant des boules de bois cerclées. Une fresque du temple de Caracala montre ainsi deux scènes de ce jeu : Une action de jeu avec élan, et une mesure de points, laissant imaginer des règles peu éloignées de celles du jeu provençal, par exemple. Mais si le jeu de boules remonte aussi loin, il a parfois pris une ampleur qui l’a desservi. Ainsi, Au XIVème siècle, il fut interdit par une ordonnance royale de Charles V, les sujets devant utiliser ce temps libre à la pratique d’activités plus utiles à la défense du royaume. Plus tard, il réapparut, retrouvant ses lettres de noblesse. Mais sa pratique faisant de l’ombre à un autre jeu en développement, le jeu de paume, il fut de nouveau interdit sous l’influence des fabricants de paumes. Le Parlement statua par un arrêt en 1629 qui interdit simplement sa pratique. Il en fallait plus pour tuer ce jeu-sport qui se répand sous diverses formes dans l’Europe entière. Les boules et terrains changent au gré des situations, des progrès Le bois initial des boules se cloute en France, se vernit en Italie, les anglais jouent sur gazon, les espagnols sur du marbre et les français sur terre battue. Les règles subissent aussi des aménagements selon les régions, simplifications ou modifications radicales. Les lyonnais avec leur première société officielle de sport "le Clos Jouve" fixent des règles du "jeu national". Les Méridionaux inventent une variante, le Jeu Provençal. Enfin les ciotadens créent en 1910 la Pétanque.

La Boule Lyonnaise

Le Jeu National, ou sport-boule se joue dans un "cadre" de 27,50m de long sur 3 à 4m de large. Ce cadre est subdivisé en zones matérialisées par des lignes. De part et d’autre d’une zone large de 12,5m, dite zone libre se trouvent deux zones de 7,5m. On lance depuis la première dans la seconde. Dans cette dernière, le cochonnet doit impérativement être dans la zone de but, en deçà de la raie de but, mais au delà de la raie de pied. De son coté le joueur joue dans cette même zone comprise entre les raies de but et de pied se trouvant de son coté. Chaque joueur possède des boules dont le poids est inférieur à 1300g et le diamètre compris entre 9 et 11 cm. Différentes combinaisons existent, du un contre un, au 4 contre 4. Le but du jeu est de placer ses boules le plus près du cochonnet. Chaque boule de l’équipe emportant la partie comptant 1point, la partie s’arrête à 11, 13, 15 ou 18 points selon une convention fixée à l’avance.

Jeu Provençal

Les règles de ce sport-boule sont complexes, autant que le terrain, qui pour être valide est délicat à définir. Les provençaux, certains disent par dépit de ces règlements, inventèrent au XIXème siècle le Jeu Provençal (dit encore la longue). Le principe et le but du jeu sont les mêmes qu’à la boule lyonnaise ou à la pétanque dont il est en quelque sorte le père. Il faut marquer des points. Pour cela, il faut approcher ses boules plus près du cochonnet que son adversaire, chaque boule compte un point. Les règles sont plus simple que dans le "jeu national" Le terrain ne possède pas de cadre. La partie se joue à une distance de 15 à 21 mètres, avec des boules d’un diamètre et d’un poids inférieur aux boules lyonnaises. Le pointeur place les boules près du cochonnet. Pour se faire, il se place dans le cercle défini au début de la mène, puis fait un pas en dehors, en prenant soin de conserver son deuxième pied en l’air. C’est dans cette position d’équilibre précaire qu’il va pointer sa boule. Le tireur est là pour enlever les boules placées par le pointeur adverse. La technique de tir est différente et consiste à lancer sa boule en courant. Partant du cercle, le tireur s’élance, faisant trois pas, et lâchant sa boule dans la quatrième enjambée avant que le pied ne touche le sol.

La Pétanque.

Nous y voilà. La pétanque. Ce "jeu de boules à Petanque" devrait on dire. Pétanque, parce que l’on y joue les pieds tanqués. L’histoire de la création de ce jeu remonte à 1910, et nombre de sports aimeraient aujourd’hui disposer d’une telle histoire à raconter pour marquer leur création.

Nous sommes donc au début de ce siècle, La Ciotat joue aux boules, à la longue. Les frères Pitiot Joseph et Ernest exploitent un terrain de boules ombragé le "Béraud" . Ils louent également des chaises pour que les spectateurs de ces parties puissent assister confortablement aux parties enfiévrées qui ne manquent pas d’opposer "Le Blond", "Le Grele", "le Pich" "Saint Jean" ou "le gros Cesaire".
Mais les spectateurs manquent de vivacité, et ne se lèvent pas assez rapidement pour éviter d’arrêter les boules des tireurs. Devant les protestations qui ne manquent pas de se produire, les chaises sont retirées. Une exception est toutefois consentie. Jules, dit le Noir est perclus de rhumatismes et ne peut rester debout bien longtemps. On lui permet de rester assis, à condition toutefois qu’il ne gène pas les joueurs, et reste près du rond. De son siège, avec les boules en attente, il s’amuse, assis... Un jour Ernest Pitiot, pour lui faire plaisir lui propose de jeter quelques boules, Jules restant assis, en jouant à pieds tanqués, à quelques mètres.
L’idée plut... Les premiers intéressés furent les vieux. Ceux là même qui ne pouvaient plus que difficilement pratiquer la longue.... Tant et si bien que Joseph organisa un concours le samedi suivant, 8 équipes de 2 joueurs s’affrontant pour un premier prix de 10 francs sur des règles encore fraîches ont créé la Pétanque. Le succès fut fulgurant. La distance plus courte la rend praticable par tous sur quasiment tous les terrains...

De jeu, la pétanque est devenue sport. Les boules aussi ont changé avec le temps. Au début du XXème siècle, elles sont en bois clouté. Mais en 1927, elles deviennent en acier avec la technique de Jean Blanc et Louis Tarchier. Ensemble, ils créent la boule JB, grand nom aujourd’hui encore. Plus tard, ils furent imités par Frédéric Bayet et Antoine Dupuy, qui créent un autre incontournable des boulodromes, la boule OBUT.

Le règlement

Le but de la pétanque est le même que pour les deux sports précédents. On doit placer sa ou ses boules le plus près du but (cochonnet, gary, bouchon, comme vous voulez). Le joueur qui engage la partie (la mène) trace un cercle (rond) depuis lequel les joueurs lanceront leur boule, puis jette le bouchon à une distance comprise entre 6 et 10 mètres. Il envoie enfin la première boule. L’équipe adverse joue alors ses boules jusqu’à ce qu’elle reprenne le point, rendant alors la main à la première équipe. La partie se joue en 13 points, chaque boule gagnante étant comptée un point.
Mais au delà de ce principe simple, se cache une richesse de jeu qui ne saurait être écrite, tant elle doit se découvrir sur un terrain. Le vocabulaire de la pétanque n’a en effet rien à envier au golf, les réussites tout comme les échecs ont leur aspect, leur couleur locale. La technique du tir peut se faire "au fer", "devant" ou à "la rafle". En tirant au fer, le but est souvent de réaliser un carreau parfait, voire allongé. En tirant devant, on parlera de palet. Quoi qu’il arrive, il faut éviter de faire un trou, un écart ou un crochet, ce qui serait toutefois moins grave que de "tuer le chien"... Les pointeurs ont aussi leur vocabulaire, parlant de "plomber", "faire glisser", "jouer nature" pour décrire le lancer ou de "faire nari", "escamper ses boules" pour décrire ses ratages. Les termes techniques abondent et sont renouvelés sans cesse par la gouaille des joueurs. Partie intégrante du jeu, la truculence des compétiteurs, rivalisant de traits d’esprit tout autant destinés au public qu’à l’équipe adverse sont à la pétanque ce que le flegme est au golf. Un élément non dit du règlement.

Les boules, c’est important, c’est grave même, dans le sens méridional du terme, on plaisante pas avec ça. Chacun a en tête une anecdote, une partie mémorable pour une série de points, de carreaux, ou un de ces accidents qui ne peut arriver qu’aux boules. Le chien de Lucien qui traverse le jeu à 12 partout, ou le spectateur qui prend dans la tête un bouchon déquillé par un tireur puissant...

Et vous ?
La pétanque est un sport, certes... Mais c’est surtout un jeu, un élément de société, un lien. Pour le vérifier, rien n’est plus simple. Faites donc claquer 2 boules en acier dans un lieu fréquenté. La plupart des gens se tourneront, et vous aurez identifié "les touristes"...

Pour vous lancer, il n’est besoin de presque rien. Une triplette et un terrain. Goudron, sable, gravillette, qu’importe.
Ce sera plus difficile pour tout le monde de toutes façons.
Il ne vous reste plus qu’à choisir vos boules. Difficile moment... Les boules de pétanque mesurent entre 7,05 et 8cm. Elles pèsent entre 650 et 800g. Pour choisir une boule, il faut commencer par se définir soi-même. Dans une triplette, on trouve un pointeur, un tireur et un milieu. Le pointeur choisira souvent une boule petite et lourde. Ces caractéristiques avantagent le point en rendant la boule moins sensible aux caprices du terrain et plus difficile à tirer et à déplacer. Devant sentir sa boule il la préfère striée. Le tireur va choisir une boule de plus gros diamètre, mais plus légère, et lisse...
Vous... devrez vous faire votre sensation... Et ensuite à participer aux différents concours qui sont organisés un peu partout. Généralement, les petits concours sont en 3x3 choisis, ou 2x2 à la mélée. Dans ce dernier cas, les équipes sortent du chapeau, beaucoup de crises de colères et de rires ponctueront le concours.

Mais pour comprendre la pétanque, dans le fond il n’y a guère qu’une solution...

Allez zou "Vas y Leon, envoie bien le bouchon..."

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