Le premier dimanche de juillet, Arles fête le costume.

Ce jour là, le costume moderne, ou contemporain date du début du XXe siècle. Et moderne il est. Pas seulement parce qu’il continue d’évoluer sous la coquetterie des filles d’Arles, comme au siècle précédent, mais aussi et surtout parce qu’aujourd’hui, Arles à ouvert la porte du temps sur des siècles passés.

La fête du costume est l’occasion de revivre les fastes de la cour de Louis XVIII, la splendeur conquérante du second empire, ou la frénésie de la révolution française. La mode, outil de charme autant que revendication de femme, s’est appropriée ces évènements, les pliant à sa domination. La femme est maitresse du temps, maitresse des évènements.

Aujourd’hui, impossible évènement, Charles X, Louis Philippe, Louis XVIII, Napoléon III défilent cote à cote sur les lices, et jusqu’au théatre antique où les attendent 2000 ans d’histoire.
La fête du costume représente pour les groupes d’Arles LA fête.
On en vient à regretter que le défilé ne dure qu’un instant trop court, Nous voudrions arrêter chaque femme, chaque fille pour qu’elle nous conte un peu de cette vie que représente leur costume, qui des intrigues de la cour, qui des batailles napoléoniennes.
Peut être ne manque t’il à ce défilé que la voix d’un "Zitrone" narrant d’une voix de basse ces histoires qui composent l’Histoire.

La fête est un rendez vous traditionnel avec la reine, c’est sa fête.

Traditionnel comme un rendez vous dans le cloitre, un départ de défilé, une remontée des Lices puis une présentation au Théatre antique, cette fête est pourtant toujours différente, renouvelée du sang de ses filles qui choisiront la teinte de la journée par leur choix de costume. Charles X une année, Louis Philippe l’année suivante... Les groupes y rivalisent d’effort pour faire revivre des pièces oubliées. Une chocolatière, un costume XVIIIe, un autre d’époque Louis XVIII.
Des costumes qui parviennent à surprendre jusque celles qui pourtant portent le costume contemporain communément.

Cette année est particulière, elle est année d’élection [1]...

Une reine part, une reine arrive. Caroline Serre est aujourd’hui intronisée par Nathalie Chay. Elle sera uno magnifico Reino touto en delicatesso e en generosita lui dit elle dans son discours [2]. Dans une allocution à l’image de son règne, Nathalie remercie ceux qui l’ont investie de cette charge, Les élus qui l’ont escortée, mise en avant, elle rend un vibrant hommage au grand grand couturier Christian Lacroix, au comité, aux reines d’Arles.
Elle verse une première larme quand elle se tourne vers ses demoiselles d’honneur, en verse une seconde quand elle parle de sa couturière, et fait pleurer le public quand elle s’adresse à sa mère.

Dans sa métaphore, Nathalie est telle l’alpiniste devant une montagne. Elle parcourt un chemin aussi éprouvant que sublime. Sa modestie aidant, elle n’a pas dit ce que les arlésiens savent tous... sa cordée de sept demoiselles a conquis le toit du monde et touche les étoiles ce jour.

Nathalie passe le flambeau, s’inscrivant comme une page dans le livre d’Histoire de la ville. Et Caroline de le prendre avec force émotion.

Caroline nous raconte une histoire. La modeste histoire d’une fillette d’Arles. Le rêve d’une enfant.
Sa première pégoulado à 4 ans qui en annonce beaucoup d’autres, les fêtes des gardians, du costume, le chant, la danse, la coiffe de Mireille à 10 ans qui fait une jeune fille d’une enfant. A son tour, elle transmet son émotion au parterre en parlant de Josette, de ce premier poutoun de Sabine Mistral. Puis vient le ruban, pris aux Saintes.
A son tour Caroline remercie... Elle remercie la Nacioun, le comité, son jury.
Caroline écrira maintenant son histoire d’Arles. Elle commence dans le sérieux de la tradition, de la transmission. Elle a saisi le discours de Nathalie, conjuguant déjà ses verbes à sept.
La présentation de ses demoiselles d’honneur se fait dans le même élan de larme que celui de Nathalie avec ses demoiselles. Une présentation qui précède un témoignage de ce que doit être la tradition : la transmission d’une culture, d’un art de vivre, d’un savoir. Nathalie avait remis des bijoux à Caroline. A son tour cette dernière offre à ses demoiselles d’honneur une épingle de ruban qu’elles transmettront dans trois ans, quand leurs expériences auront fini de façonner le bijou qu’elles contiennent.

L’émotion est si forte en cette fin de matinée que même le ciel finit par s’épancher en écho des dernières phrases de la XXe Reine d’Arles. Un signe à n’en pas douter.

Votre premier discours a déjà conquis les Arlésiens, Majesté. _ Paraphrasant Nathalie, nous vous souhaitons un règne merveilleux et riches de rencontres.

[1A lire dans la rubrique Le XXe Règne, les articles des différentes phases des sélections des candidates

[2Nathalie a accepté que soit retranscrit ici le texte de son discours : Discours donné par Nathalie Chay XIXe Reine d’Arles, ainsi que sa traduction Discours donné par Nathalie Chay XIXe Reine d’Arles (traduction du Provençal en français)

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