Après l’Arlésienne au bord de l’eau de ce samedi qui, à lui seul, suffisait à combler ce weekend d’images inoubliables, nous avons connu ce dimanche l’apothéose échelonné en deux actes.

Si le thème principal de samedi était axé sur l’eau, celui de dimanche s’est trouvé en étroite relation avec la religion, inamovible de la culture provençale.
L’acte premier s’est centré sur la Primatiale Saint Trophime, place de la République. Après un concert d’orgue, interprété par Madame Rivière, une centaine d’Arlésiennes environ se sont rassemblées sur son parvis pour reconstituer le tableau de Léo Lelée "Sortie des Vêpres". Au balcon de l’archevêché étaient déclamés divers textes en langue provençale par Michel Fabre, la Reine d’Arles et ses Demoiselles d’honneur.
Bel enthousiasme de nos Arlésiennes qui ont revêtu leur plus riche costume et ornements anciens ; déclaration d’une dame trop discrète qui a largement dépassé ses quatre fois vingt printemps : "Je suis fière de porter aujourd’hui les costume, fichus et ruban de ma grand mère". Peux-t-on donner plus beau témoignage en l’honneur de cette reconstruction ?

Un cortège s’est ensuite formé pour quitter la place de la République et remonter les Lices avant de redescendre vers les Alyscamps où, lorsque les premiers pas foulant l’allée, une impression mystérieuse vous enveloppe et force le respect du lieu. En remontant l’allée vers le chapelle, les groupes se disloquaient en groupuscules de deux à moins de huit personnes, emplissant ainsi la totalité de la surface de costumes traditionnels. Le promeneur en avait sous les yeux où qu’il s’avance, où qu’il se tourne.
Nombre d’Arlésiennes ont ensuite déclamé poèmes, textes mistraliens ou contes pour enfants ; ont suivis des musiques variées devant et dans la chapelle (avec notamment une scie musicale comme instrument).

Plus tard, les Alyscamps ont été désertés progressivement, si lentement qu’on le remarquait lorsqu’il n’était plus possible de ne pas entendre le silence retombé sur l’allée. Oui, le moment le plus émouvant : ce cri du silence.

En se retournant après le passage des grilles, gardes des tombeaux, on ne pouvait douter que le silence avait repris son droit.

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