A l’heure où les bêtes retrouvent le chemin de l’étable et où l’on se prépare à sortir les santons de leur boite, découvrir ou redécouvrir la très belle exposition de Théodore Jourdan est un petit plaisir dont il ne faut pas se priver. D’abord parce qu’elle est gratuite et permanente. Ensuite parce qu’elle a pour cadre le très beau château de Salon de Provence. Ces tableaux sont calmes, apaisants, reflets d’une époque où l’on ne se pressait pas. On le dit naturaliste, mais pas du tout, Théodore Jourdan est un grand, très grand portraitiste. Ce n’est pas de sa faute si les moutons l’inspirent. Il pose un regard tellement bienveillant sur les bergers, les bergères, les moutons, la Crau que chaque tableau en est embelli. Il soigne les costumes, les mains qui travaillent, le regard du chien de berger. Chaque tableau est un instantané de vie. On a presque l’impression de déranger ce couple qui ramasse des courges, on se pousse pour laisser passer le troupeau qui descend du bateau. Et que dire devant le tableau appelé “coup de mistral”, comment ne pas penser à mon santon Fouque, mon berger dans le vent qui attend bien enveloppé dans du coton, dans sa boite avec les autres.
C’est trop tôt pour faire la crèche.

Vraiment, trop tôt ?

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