En cette année 2013 où la ville de Marseille a été décrétée ville de la culture européenne, il a semblé important de marquer l’importance de la foi chrétienne en Provence et sa dimension culturelle.

Chaque année, divers pèlerinages égrènent les saisons en Provence. Dans le cadre de l’année de la foi, les trois évêques de Marseille, Aix et Arles, Toulon et Fréjus otn souhaité mettre en valeur cette dimension spirituelle. C’est ainsi que trois grands rendez-vous, un dans chaque évêché, ont été donnés aux pèlerins d’ici et d’ailleurs.

A Marseille tout d’abord lors de la neuvaine de la chandeleur, dans un regroupement "Chrétiens des deux rives de la Méditerranée".
Fin juillet ensuiteà Saint-Maximin la Sainte Baume "Les saints de Provence à la rencontre de Marie Madeleine"
Enfin aux Saintes Maries de la Mer "Quand l’évangile débarque en Provence"

La série de célébrations se termine là où tout commença, ici aux Saintes. L’histoire de ce petit village commence loin d’ici

Deux Femmes s’approchent de la lourde pierre qui barre le tombeau.
Il s’agit de Marie-Salomé mère des apôtres Jacques le Majeur et Jean et de Marie-Jacobé mère de Jacques le Mineur et des apôtres Jude et Simon le Zélote.

Comment vont elles rouler la pierre pour laver le corps qui gît à l’intérieur ?...

Elles n’auront pas à le faire. Le tombeau est ouvert, le corps n’est plus là. Un jeune homme les attend... Le Christ est mort, il est ressuscité. Marie-Jacobé et Marie-Salomé en seront les premiers témoins.

Ces Premiers témoins sont finalement jetés dans une nef sans voile ni rame par les juifs. Un ancien cantique français veut que cette embarcation ait emmené outre les Saintes femmes, Lazare, sa soeur Marthe et leur servante Marcelle, Sidoine, Trophime, Maximin, Lazare, Saturnin et Marie Madeleine. La question de Sara reste en suspens. Selon la tradition catholique, Sara est la servante de Salomé et Jacobé, alors que pour les Gitans, elle est une princesse Rom qui vivait sur place et a accueilli les occupants de la nef.

De ces premiers chrétiens, seules Salomé et Jacobé restent sur place. Trophime va en Arles, Marthe ira à Tarascon, MArie-Madeleine pleurera sur les coteaux de la Sainte Baume, Maximin gagne Aix, Saturnin Toulouse et Lazare Marseille.

Les Saintes décédèrent là où elles avaient débarqué. Selon la tradition, afin de les protéger des pirates, les Santens les ensevelirent sous le maitre Autel.
Leur souvenir s’estompe.

En 1447, en neuvaine à la Sainte Baume, René d’Anjou comte de Provence rencontre Adhémar Fidelis prieur de Saint Maximin. Ensemble ils évoquent l’arrivée à la Sainte Baume de Sainte Marie Madeleine et de ses compagnons d’infortune. Selon les documents du dominicains, les Saintes ont été ensevelis au point où elles ont débarqué.

Le Roi René tout dévoué à l’image des Saintes part vérifier la concordance entre les documents remis et les témoignages sur place.

Ainsi convaincu, le roi décide de creuser le sol de l’église de Notre Dame de la Mer.
Nous sommes en 1448, et les travaux commencent après que le Pape Nicolas V ait accepté de rechercher et glorifier les restes des Saintes. La bulle d’autorisation est datée du 3 Aout 1448. Le pape désigne comme commissaires apostoliques Robert Damiani, Archevèque d’Aix et Nicolas de Brancas Evèque de Marseille. Le Seigneur d’Arlatan, seigneur de Chateauneuf et chambellan du roi René dirige les fouilles.

Les travaux sont effectués par 14 Santen jurant de témoigner fidèlement de ce qu’ils trouveront. Après deux semaines de labeur, le chevalier d’Arlatan clot les fouilles. Deux corps ont été trouvés. Un emissaire est envoyé au pape afin qu’il délègue sur place son Légat Pierre de Foix. Le cardinal doit attester des restes, et doit également attester des oeuvres passées de ces femmes. Le 21 Novembre 1448 le Roi René rejoint le Légat accompagné par une importante suite de seigneurs Isabelle de Lorraine et Frédéric son beau fils, le Sénéchal de Provence, les Seigneurs de Monfaucon, de Clermont, de Grimaud et d’Aigues-Mortes. Pierre de Foix vient lui accompagné d’une suite tout aussi importante 13 évêques, 4 abbés mitrés, 17 dignitaires, docteur en droit et en théologie. Le 2 Décembre, le légat déclare que les deux corps exhumés sont ceux de Sainte Marie Jacobé et Sainte Marie Salomé.

L’élévation est faite le lendemain, le 3 décembre 1448. La messe pontificale dans l’église voit les reliques des Saintes enfermées dans des châsses jumelles et placées dans la chapelle haute, dédiée à Saint Michel.

Les Châsses subissent les foudres de la Révolution. Les révolutionnaires les sortent et les brûlent. Fort heureusement, un prêtre avait pris soin de mettre les ossements à l’abri. Les troubles passés, deux nouvelles châsses jumelles sont créées en 1794.
Elles sont toujours là.

Elles descendent trois fois l’an les 24 Mai pour commémorer la mort de Jacobé, 22 Octobre pour celle de Salomé et le 3 décembre en mémoire de l’élévation en 1448.

En ce dimanche 20 Octobre 2013, la Provence et ses Saints fêtent ensemble les Saintes Maries, à l’occasion donc de la commémoration de la mort de Salomé. Cette année entre toutes, l’ampleur de l’événement dépasse ce que connaissent habituellement les camarguais. Les pèlerins viennent de partout en Provence, partout en France. Le père Desplanches avait lancé un appel destiné "rendre bien visible la foi chrétienne comme constitutive de la culture de cette terre de Provence". Il a été entendu.

L’église est trop petite pour une telle ferveur. Alors...
La messe est donnée dans les arènes, seul lieu pouvant accueillir les quelques 3000 personnes qui ont fait le déplacement en voiture, en car et même à pied pour ce groupe de pèlerins venus de Septèmes les Vallons. Un tel auditoire est juste incroyable au regard d’une météo affublant les Saintes d’un baston de vent d’Est et faisant croire à une de ces pluies d’automne lourdes, prenantes.
Les pèlerins ne s’en sont pas laissés compter. Ils sont venus, il n’en manque finalement qu’un, qui a certainement suivi depuis son lit d’hopital les célébrations de la journée. Le père Prunier, le curé des Saintes, a été victime d’un accident de voiture dont la violence a conduit les secours à imaginer le pire, avant de le découvrir "presque" indemne. Un miracle.
Mais un miracle qui n’a pas été suffisant pour lui permettre de venir à cette journée.
Au delà des arènes, la messe est suivie depuis le relais culturel, et sur internet...
Les Camera d’O2zone, de KTO-TV et TeleMistral couvrent l’évènement.

Le père Desplanches, et Monseigneur Dufour ont ainsi officié ici et au delà et dirigé la procession à la mer de la barque des Saintes qui cette année est plus étincelante que jamais, restaurée telle qu’elle était dans ses pigments d’origine.
Qui a dit que le peuple Camarguais était indiscipliné ?
Il s’est fort bien tenu, écoutant, priant et communiant à l’unisson, ballotté par ce vent incessant, un vent à derraba la co dis ase.

Et les Châsses sont remontées. Les reliques des Saintes reposent de nouveau dans la Chapelle Saint Michel remontées là par tout un peuple venu leur rendre un dernier hommage.

Avant une prochaine rencontre des camarguais et de leurs patronnes, en décembre.

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