En 2008 l’été commence... à Mollégès.

Samedi

Certaines charrettes comme celle ci et celle d’Eyragues la semaine suivante courent le samedi et défilent le dimanche.
La charrette mollégeoise a donc subi les assauts de la chaleur d’un 21 juin, solstice d’été qui rarement aura aussi bien porté sa réputation. Une hausse de 10 degrés au thermomètre accueille les charretiers, qui attele les 15 lourds de la flèche mollégeoise pour une course effrénée dans le village.

Il est quinze heures. Sous 35 degrés, les charretiers composent patiemment leur charrette, la décorant de branches de peuplier de frêne et d’ormeau. Puis ils harnachent leurs chevaux. Joconde est la pouliche constituant lou davans, suivies par 2 autres femelles : Caline et Gamine. Quatre sarrazins sont portés en tête de flèche, Nuage porte le dernier. En fin de corde, lou Cavihié Ratou et lou limonié Osco tiennent les autres postes clés. Les rôles d’importance ont été soigneusement confiés par Sébastien, qui connaît bien chaque bête.
Le samedi, la charrette doit courir à travers les rues du village, et faire courir une flèche de 15 chevaux de trait n’a rien d’une sinécure. C’est à lui qu’incombe donc la charge de choisir chaque position dans la corde pour que celle ci soit cohérente, et ne risque pas de s’emballer.

Le cortège s’ébranle doucement, dans la campagne. Une petite foulée à un kilomètre du village, histoire de mettre en jambes les chevaux, les débarrasser de leur nervosité. La charrette court bien...

Ils arrivent... Pile a l’heure, me dit fièrement un Mollégeois, elle est toujours à l’heure notre charrette.

Le bras levé. Le signal. Et la charrette s’engage. Un premier passage un peu cahotique, les chevaux étaient au calme, et la bombe associée au monde venu se masser au coeur du village ont perturbé une paire d’entre eux. Le temps pour tout le monde de réaliser que les charretiers ne sont pas là pour accompagner les bêtes, mais bien les mener. Ne court pas qui veut.

Les autres passages seront parfaits, avec des courses splendides, une charrette qui tourne sur des rails dans l’équerre au coeur du village. Malgré la chaleur, personne ne ménage ses efforts, et les chevaux de passer et de repasser dans un sens et l’autre...

La course de la charrette à Mollégès, c’est plus d’une heure au son des grelots des sabots martelés sur le bitume, du fifre dans la charrette.

Dimanche

Le lendemain de la course, vient la bénédiction et le défilé de la carreto ramado : une flèche de cinquante chevaux, les 10 premiers portant le collier sarrazin.

Dans le pré en face le mas des prieurs, la confrérie de Saint Roch harnache les sarrazins. L’un après l’autre, Comtois, Poitevins et Bretons viennent se faire habiller. Ils s’abandonnent placidement aux mains expertes de leur maréchal. Bride, couverton, collier... Ils ne bronchent pas.

Dans le village, la messe commence devant une assemblée venue nombreuse.
Que d’arlésiennes...
Les Carreto ramado sont souvent prétexte pour les habitantes des villages que la fête anime pour s’habiller, porter le costume traditionnel.
Cette année à Molléges, elles étaient nombreuses à s’être costumées. Un germe de passion qui peut être les poussera à recommencer plus souvent, qui sait.

La messe finie, le défilé se met en place, et la longue flèche de dessiner son parcours dans les rues du village sous la conduite des prieurs de l’année Michel Merletto et Claude Parraud. La Charrette conduite par Michel Fabre passe devant l’église une puis deux et trois fois, avant de conquérir le cours. Au son des fifres et du tintinnabulement clair des clochettes et grelots, la grâce des chevaux lourds et la prestance des demoiselles d’honneur Coralie Bonici, Magali Nouveau et Marion Pitras ravissent le public local, et les touristes dont l’étonnement le dispute à l’émerveillement.

Et la fête de continuer... Les fifres jouent encore certainement...

Les charrettes ont maintenant leur site...
www.carreto-ramado.fr

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