les offrandes de Noel en pays d’Arles
J’ai retrouvé dans les papiers de mon père ce texte des offrandes(dont j’ignore l’auteur) que voici :
- Nous nous voulons solidaires de ce peuple de Provence qui nous a précédé. Nous nous voulons solidaires de nos anciens qui nous ont montré le chemin, ouvert la voie. Alors, pour la Messe de Noël, comme eux, faisons les offrandes à l’enfant Dieu qui naquit dans une crèche au milieu de nous tous, les bergers, les paysans, les pêcheurs, les mariniers, les gardians, les artisans, le peuple. Voilà pourquoi nos dons sont les produits de la terre, de la mer, du Rhône, des étangs, de notre région.
- Les mariniers du Rhône, dons la paroisse fut Saint Césaire après Saint-Laurent, remontaient le fleuve à la maille. Que de cordes il leur fallait ! Aussi à la Roquette les cordiers ne manquaient pas, ni les cardeurs ! Pour protéger les équipages de la batellerie du Rhône, la statue de Saint-Nicolas, leur patron, s’élevait à la proue de la grand’barque. En poupe, plantée au gouvernail, s’élevait la croix des mariniers en bois polychrome et décorée des instruments de la Passion du Christ.
- Qu’elle soit effectuée en pleine mer ou dans les vastes étendues d’étangs, de marais, de cours d’eau, la pêche a une grande importance en Provence avec ses anchois, sardines, muges, anguilles. Quelle joie pour nos pêcheurs d’offrir tout cela !
- Voici les gardians avec leur riz qui fleurit dans l’eau, leur saladelle, cette fleur si jolie qui est la couronne de la Camargue. Ils n’ont pas oublié le sel dont les saliniers utilisaient le pouvoir de cristallisation pour décorer des objets à partir d’armatures de bois blanc. Ils apportent aussi les javelles, des roseaux pour construire une jolie cabane pour l’Enfant Jésus.
- Tour à tour nous voyons les bergers de nos grands troupeaux d’Arles renommés pour leurs fiers boucs conducteurs, leurs sonnailles, leurs colliers de floucat, gravés avec un merveilleux talent.
"Nous sommes les tondeurs de troupeaux et pour la coupe nous avons les poignets qu’il faut" chantent les tondeurs qui ont à la main les forces, grands ciseaux en acier forgé. On entend le bêlement des agneaux et voici le tout petit agneau né en automne.
- Enfin arrivent les femmes avec des langes et des vêtements pour l’Enfant. Elles apportent aussi une pierre de savon pour la lessive.
- Les arlésiennes présentent les dons symboliques que parentes et amies offrent en rendant visite à une jeune maman, c’est-à-dire un couple d’oeufs, un quignon de pain, un grain de sel et une allumette. Elles prononcent les voeux rituels : "Sois plein comme un oeuf, sois bon comme le pain, sois sage comme le sel, sois droit comme une allumette"
- Le peuple, à présent, offre les plats traditionnels du gros souper pris à la lumière de trois bougies, symbole de la Sainte Trinité. Il s’agit d’un repas maigre où l’on mange les produits du terroir : les escargots, la morue, le muge, le cardon, le scolyme, le céleri, le grand pain calendal orné de petit houx, la fougasse dorée, le vin cuit. Quand aux mandarines parfumées, aux oranges d’or de Majorque et aux boîtes de dattes, on les achetait à la foire de Beaucaire.
- Enfin, en dernier, arrivent les maréchaux-ferrants avec la statue de Saint Eloi. Mais Saint Eloi est aussi le patron des orfèvres, de ces artistes qui, avec amour et talent cisèlent les vases sacrés.
- Puis les paysans, leurs rameaux d’olivier à la main, viennent, comme Mistral offrir l’huile vierge à l’autel du Bon Dieu. Ils ont trois assiettes blanches où germe le blé nouveau, prémices des moissons.
- Tous ces gens avec simplicité et amour ont voulu offrir les fruits de leur terroir, qui sont aussi les fruits de leur travail, les fruits de leur métier. Travail et métier, ces deux mots sont l’expression même de la vie de l’homme ; c’est cela qui donne à l’homme sa dignité, qui lui permet de relever la tête, de la tenir droite. Car la gloire de Dieu c’est l’homme droit. Ainsi que le disait Saint Irénée.
Publié le
9 novembre 2005 par
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Mis à jour le
2 mai 2013