En 2010, naissait sous l’impulsion du comité des fêtes d’Arles "Li Mireieto". Cette nouvelle tradition voulue par l’association visait à marquer le passage de la coiffe en béguin à la cravate, ce passage qui marque une des étapes de l’évolution d’une enfant qui devient alors une jeune demoiselle.

En 2010, Marie-Sara venait de naître. Cet hiver là, elle n’avait pas 2 mois lorsqu’aux Saintes elle assistait à sa première abrivado et deux mois de plus pour voir sa première carreto ramado au mas du Juge. A huit mois, elle machouillait le cordon de son bonnet dans son landau pour sa première pegoulado...
D’Arles à Salin, de Maillane à Beaucaire, de Fontvieille à Fourques elle a déjà participé avec sa mère à tous les évènements de tradition.

Hors les défilés, elle a appris avec sa maman. Toucher les étoffes, aimer les matières, apprécier les imprimés, sentir ce qui peut ou ne peut pas se faire... Elle affiche un goût sûr. Du coup... C’est elle qui choisit ses indiennes. Elle manie le fer, pique et coud à la machine.

Aujourd’hui c’est une Mireieto. Son caractère bien trempé avait choisi sa marraine de longue date, ce serait Naïs. Depuis, Naïs est devenue Reine d’Arles. Marie-Sara est devenue la filleule de la Reine, quelle fierté...

Elle a participé à la création de son costume, cousant sa jupe avec sa mère, pliant sa cravate.
Elle a déjà imaginé sa journée. Sa marraine, sa reine la coifferait, l’habillerait comme il se doit, c’est son rôle.

Aujourd’hui est le grand jour, elle fait partie des 41 gamines qui vont devenir jeunes demoiselles, remisant leur béguin pour porter la cravate. Elle trépigne... Même s’il est encore tôt, il est temps de se coiffer, s’habiller.

Allez zou, en route...
La reine aussi est en avance sur l’horaire. "On sait jamais" est la réponse qu’auront donné chacune de leur côté la marraine et sa filleule. C’est vrai, au fond... C’est quoi 3 heures d’avance au fond... A peine le nécessaire.

Naïs et Marie-Sara se sont données rendez-vous à Arles, chez Nicole qui a accepté de prêter sa cuisine pour cette séance d’habillage si particulière.

Gaufrage, crêpage... pas une plainte de la mireieto qui affiche un petit sourire qui en dit long. Elle est ravie d’être là, réalisant être objet de toutes les attentions.
Les gestes de la reine sont sûrs, la pose de la cravate se fait tout naturellement, dans un silence de cathédrale entre une marraine et sa filleule communiant ensemble dans ce même instant.

La mireieto est prête, coiffée, habillée.
Avec la même minutie, la reine s’apprête, cherchant la perfection pour être à la hauteur de sa filleule.

L’heure approche.

Les arlésiennes se dirigent vers la salle pour le début de cette journée de tradition.
La petite fille avance fièrement aux côtés de sa reine.

la cérémonie commence. Elle est la première à s’avancer pour y recevoir son cadeau, aussitôt suivie par les autres demoiselles venues des quatre coins du Pays d’Arles, chacune avec sa marraine, son parrain. Il y a là représentés Albaron, Arles, Beaucaire, Bellegarde, Candillargues, Eygalières, Fos-sur-Mer, Fourques, Jonquières-Saint-Vincent, La Mède, des Baux, du Paradou, de Maillane, Miramas, Montfrin, Moulès, Mouriès, Pélissanne, Port-Saint-Louis, Raphèle, Saint-Just, Saint-Laurent d’Aigouze, Saint-Nazaire de Lesan, Saint-Rémy-de-Provence, Salin-de-Giraud et Tarascon.
Toutes ont dans les yeux ce même reflet de fierté, de joie, d’amour... Elles regardent leur marraine avec les yeux de Chimène, ou plutôt les yeux des enfants Banks pour Mary Poppins.

Et l’après midi se déroule... Une présentation est suivie d’un goûter. Le défilé se met en place emmené par le 23e règne. Il serpente en ville entre théâtre antique et arènes et via la place du Forum jusqu’à la salle des pas perdus en Mairie.
C’est là cette année que le Cartabeu est remis à la directrice du Museon Arlaten qui depuis l’origine organise le séquestre de ce registre. Les 41 demoiselles y sont maintenant référencées. Elles ont pris la cravate. Ce sont des mireieto.

Devant la primatiale Saint Trophime, la reine d’Arles et Don Jean-Yves Urvoy lisent la communion des Saints de Frédéric Mistral avant de bénir les mireieto et de les entrainer dans une grande farandole.

La journée n’est pas pour autant terminée. Elles ont une tâche à accomplir, celle de remplir les collections du Museon. C’est en effet sous l’égide du museon arlaten qu’était placée cette édition, parrainée par Mme Dominique Séréna Allier Conservatrice honoraire des Musées d’Arles.

Jouant une saynète visant à reproduire l’appel de Mistral et Marignan pour constituer les collections du musée, les gamines ont été appelées à constituer des comités scientifiques analysant les pièces proposées à conservation.

Marie-Sara et son groupe statuent sur l’entrée au museon arlaten de flûtes à bec, d’un tambourin et d’une partition de Mireille. Les autres groupes sur des bouquets d’herbe, des pâtisseries, des outils, ou des coutumes.

Cette liste à la Prévert se termine sur les tarascaire inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La journée se termine enfin, 41 jeunes demoiselles ont des étoiles plein les yeux, demandent une dernière photo, reçoivent un dernier lot de félicitations, un calin...

Elles sont épuisées, mais tellement heureuses.

Elles sont la tradition.

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