Organisée par la mairie des 9 et 10e arrondissements de Marseille, la grande fête provençale de ce dernier dimanche de Septembre investit cette année la place de l’obélisque à Mazargues, caractéristique de cette fête organisée par une mairie responsable de deux arrondissements et qui oscille entre Saint Loup et Mazargues.

Mazargues donc a l’insigne privilège de recevoir un petit bout de la Camargue, sous la houlette des gardians Eyguiérens de la Manade Agu recevant aujourd’hui dans leurs rangs un cavalier de plus en la personne de Mr le maire de Secteur, Mr Guy Tessier.
Une cavalcade et un cortège apprécié comme il se doit par les marseillais venus profiter du spectacle, les Frisons de Mr Dubois suscitant même les premiers hoooo... d’admiration.
Il faut dire que la calèche est belle, et qu’à l’intérieur, Mr Didier Réault conseiller général du canton de Marseille Mazargues est en compagnie de Mlle Caroline Serre, XXe Reine du Pays d’Arles. Caroline est venue accompagnée de deux de ses demoiselles d’honneur Marion Pitras et Elodie Bretagne. Les marseillais ont de la chance, ces trois demoiselles ont tenu à honorer cette invitation qui va les faire courir ensuite jusqu’à Saint Remy de Provence pour l’inauguration du plus jeunes des parcs naturels Régionaux, le PNR des Alpilles, et ensuite vers le domaine de Méjanes pour une fête dans un des plus anciens PNR, celui de Camargue... Une journée chargée.

Mais pour l’heure, elles ont choisi de débuter leur marathon par la ville de Marseille retrouvant ici la compagnie du Condor groupe venu de "leur" ville, ou des Attelages Dubois de Tarascon, et de la Capouliero de Martigues avec lesquels elles ont défilé une semaine auparavant à Mouriès pour la fête des Olives Vertes.

Les groupes locaux encadrent leurs invités, la Ribambello dóu Roudelet de San-Ro, le groupe du quartier est en tête, suivi par l’oulivarello du quartier voisin du Petit-Bosquet.

Musique et danses rythment le passage de la cavalcade emmenée par Mr le Maire. Les gardians, les calèches et les charrettes, les groupes, les anes et les brebis se lancent dans un tour du quartier fort apprécié des riverains, peut être un peu moins des automobilistes...

Le défilé se termine sur les accents des galoubet et grailles du Condor, et la fête continue un peu plus loin, dans l’enceinte du Parc de la mairie des 9 et 10e Arrondissements. La table est dressée pour les nombreux convives venus partager un aioli monstre sous les barnums toujours animés par le groupe arlésien.

L’après midi commence ainsi, dans les rires et les chants.
Il n’y a guère que les gardians qui s’affairent au fond du parc. Ils terminent le balisage du parcours de l’abrivado...

Et oui...

Nous sommes bien à Marseille, et il va y avoir des taureaux...

Désolé...

Moins toutefois que Mr le Maire de Secteur, Mr Guy Teissier, à qui nous sommes allés demander son avis au sujet de l’interdiction qui est faite à la course qui doit se tenir la semaine prochaine.
Mr le Maire une question polémique autour de la course de la semaine prochaine ? La question est ainsi posée parce que toute question posée en bouvino devient un jour une polémique, autant mettre les points sur les i d’entrée de jeu.

Mr Guy Teissier s’est dit surpris et déçu de la décision de Mr Jean-Claude Gaudin. Il ne comprend tout simplement pas la décision du Maire de Marseille, pourtant un provençal de souche, d’interdire cette manifestation sportive. Il s’agit bien de course camarguaise, les animaux ne sont pas martyrisés, il n’y a pas de violence. Et de montrer la réussite de sa fête. Ici, en cette après midi les marseillais sont venus en nombre profiter de ce magnifique parc. La fête de la Saint Michel a vingt-cinq ans, et tout se passe dans la meilleure des ambiances possibles. Il y a bien eu certaines années des agités anti qui sont venus manifester contre ces spectacles, mais quand ils ne sont pas là tout se passe du mieux possible.

Et il faut dire qu’il a raison, Mr le Maire. Nombre des marseillais présents ne connaissent strictement rien de la bouvino, et ne sont donc pas montés ni formatés contre ce spectacle. Ils apprécient ainsi d’un oeil neuf l’abrivado donnée par les gardians de la manade Agu, des habitués de l’évènement qui animent cette fête depuis maintenant une dizaine d’années. Eux non plus ne comprennent pas la levée de boucliers de ces derniers jours, depuis dix ans, il n’y a jamais eu de problèmes, et la journée est un vrai plaisir.
Il n’y a qu’à regarder le parc plein pour réaliser que nous sommes en présence d’une fête aussi traditionnelle que familliale.

Il faut conserver nos traditions sous peine de les perdre et de devoir adopter celles des autres. N’en déplaisent à certains, il y a bien une tradition taurine à Marseille, (même si elle est hors propos en ce qui concerne la course camarguaise [1] ). Je garde en mémoire une acampado de la Nacioun Gardiano à Chateaurenard, lors de laquelle je discutais avec un des gardians du Marquis qui m’expliquait sa traversée du Cours Belsunce de nuit il y a une quarantaine d’années avec les taureaux de la course du lendemain... Un marseillais dirait "Et alors, y a riien là ?"...

Les portes du char s’ouvrent laissant sortir les 4 taureaux, que les gardians emmaillent et font passer devant une foule médusée. Nombre des spectateurs n’ont jamais vu cela, les gamins roulent des yeux emerveillés, sous les regards attendris de leurs parents.

L’abrivado terminée, d’autres points de fixation se créent autour de la scène sur laquelle évoluent la Capouliero, puis l’oulivarello, et l’escolo de la Ribo, mais aussi autour d’un parc de bédigues pour une démonstration de tonte, et enfin autour d’une arène démontable.

Quatre jeunes de l’école taurine de Saint Rémy de Provence ont fait le déplacement pour une démonstration. Seulement Quatre ? Et oui, moi aussi j’aurai hésité à envoyer des gamins dans cette ville de perdition qu’est Marseille (Tant qu’à y être avec les clichés...).

Il vont affronter des vachettes emboulées pour une démonstration de course camarguaise. Difficile exercice, la piste n’est pas recouverte de sable, mais d’une splendide pelouse qui rend les courses difficiles. Alors ils arrondissent leur trajectoire et ralentissent leur fuite. Les raseteurs sont jeunes, et sont confrontés à du bétail jeune. Tous sont en phase d’apprentissage, d’où les emboulages sur les cornes. Les minots apprennent un sport, il n’est pas question de les jeter aux lions. Ils rasetent, et font briller les bêtes... Ils ont déjà tout compris.
Et les marseillais présents de vibrer avec le ballet des gamins en piste, ils prennent visiblement un réel plaisir à les voir déambuler, sauter, se pendre aux tubes...

Que de villages rêveraient de réunir autant de monde. Surtout un monde comme celui là. Les maires ont tous ce but ultime, de créer une fête familliale, à laquelle les gens viennent petits et grands réunis.
Cette fête l’a fait. Aujourd’hui, enormément de familles sont présentes. Les gosses courent partout, découvrant ici des chèvres, là des moutons, des lapins, des ânes. L’espace d’une après midi la ville retrouve des accents ruraux. Une fête "à l’ancienne". Pas de manèges, pas de tir au pigeon, et pourtant les enfants s’amusent.

Merci Mr le Maire.

Longue vie à votre fête.

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[1Cette notion de tradition taurine ininterrompue ne s’applique qu’à la tauromachie espagnole

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