29ème concours d’abrivado de Vauvert
Le traditionnel concours d’abrivado de Vauvert du Jeudi de l’Ascension a eu lieu. A cette occasion, certains se sont enorgueillis d’avoir une femme comme président du jury, la 2ème en 29 ans. Fallait-il s’en vanter ou le regretter. En 29 ans, il n’y avait donc aucune femme pour prendre la succession de Fanfonne Guillerme ? Aucune manadière, aucune cavalière ne pouvait donc tenir ce rôle ? On savait le monde de la bouvino macho, en voilà encore une preuve.
Je reconnais que peu de femmes ont le palmarès d’Annelyse Chevalier. Originaire de Graveson, Gallicianaise d’adoption, Saintoise par passion, elle « entre en tradition » très tôt, par les taureaux et les carreto ramado (habiter en face des arènes, ça aide). Elle est chroniqueur taurin à la Provence et au Midi Libre depuis 20 ans. Elle apprend le provençal au collège, continue à l’université et commence à enseigner la Lengo Nostro dès 1992. Membre du Félibrige, écrivain, elle a déjà écrit 2 livres, a participé à la récente Encyclopédie de la Camargue et un 3ème, sur les Saintes-Maries-de-la-Mer, se prépare. Elle est aussi tambourinaire au groupe Osco de Nîmes et aux Cigaloun Arlaten d’Arles. Une autre de ses activités, c’est guide naturaliste. Elle arpente le Parc naturel de Camargue et la Petite Camargue à vélo, à pied, à cheval, selon la demande des visiteurs. Elle a aussi été longtemps gardian amateur chez Raynaud et chez Fabre-Mailhan. Egalement chargée de la communication et de la culture de la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, évidemment, elle regrette de ne pas pouvoir monter aussi souvent qu’elle le voudrait, et de ne pas avoir plus de temps pour écrire. C’est que ma foi, cela fait déjà beaucoup, sans compter la famille ! Parce que même si Annelyse Chevalier ne vient pas d’une famille « très taureaux », elle a réussi à transmettre sa passion à ses enfants. Il faut dire qu’avec une mère comme celle-là et un père président de course, gardian amateur et président de club taurin durant de nombreuses années, c’est difficile de faire autrement. La petite Justine, 10 ans, porte le costume de Mireille, danse, apprend le provençal et va aux courses, quant à Guillaume, 14 ans, la même passion que sa mère l’habite : il porte le costume, habille et coiffe sa sœur, danse, parle le provençal, chante avec le groupe Osco, se passionne pour les reines d’Arles qu’il connait par cœur (ainsi que les demoiselles d’honneur), monte à cheval avec son père chez Fabre-Mailhan, l’accompagne aux courses. Si vous lui demandez ce qu’il veut faire plus tard, il vous répondra « santonnier », il donne la même réponse depuis qu’il a 7 ans.
On dit d’Annelyse Chevalier qu’elle est « une belle personne », « qui aime parler des traditions », elle est « à connaitre » donc et aucun Vauverdois n’aura eu à se plaindre de son rôle de présidente du jury du concours d’abrivado qui a vu la victoire de la manade Arlatenco. Cette manade avait participé au tout 1er concours d’abrivado organisé à Vauvert et c’est une jeune cavalière qui est venue chercher le prix. Et si on mettait de la parité et de l’alternance en bouvino aussi ! Tous les 2 ans, une femme présidente du jury, ce serait beau, non ?
Pour le compte-rendu de la course de l’après-midi, d’autres, plus professionnels que moi, vous la raconteront, sachez seulement, le fait étant assez rare pour le souligner, que les arènes étaient pleines !