Ce jour, 60 Jeunes Filles descendent aux Saintes Maries de la Mer afin de "prendre le ruban".

Un jour à part dans la tradition du pays d’Arles, la festo vierginenco est une transition, celle qui marque le passage de la jeune fille à la jeune femme. Et ces jeunes filles ne s’y trompent pas. C’est un jour important. Très...

Ce matin, elles sont trois chatouno de l’escolo d’Argenço de Fourques à prendre le ruban. Trois demoiselles fort bien connues tant elles ont représenté le groupe et son attachement aux traditions lorsqu’elles furent désignées "Maio". D’abord Maureen, puis Camille et enfin Clara, toutes trois ont ainsi successivement représenté le groupe une année durant.

Chacune a ensuite cédé sa place. Ce jour là où elles ont abandonné leur charge, toutes trois sont venues à leur tour s’asseoir sur ce tabouret afin que Patricia Disset leur pose leur première cravate. Elles étaient alors ainsi devenues jeunes filles, quittant le béguin, la coiffe de la chatouneto pour la cravate de la chatouno.

Alors aujourd’hui, pour cette transition... Qui d’autre aurait pu leur poser le ruban...
Elles sont là toutes les trois, pour franchir ce dernier seuil qui les fera entrer dans l’âge adulte.
Patricia pose solennellement ces trois rubans, les yeux embués, ne pouvant s’empêcher de laisser baguenauder ses pensées vers les premiers pas de ces jeunes filles au sein du groupe, leur couronne de fleurs lorsqu’elles furent Maio, leur première danse...
C’est un grand jour pour la présidente de ce groupe et pour l’ensemble de ses adhérents, la finalité des activités de l’escolo : partager ensemble, transmettre et s’émouvoir de moments simples.

Les trois jeunes filles prennent place dans un cortège. Elles sont 60 jeunes filles cette année à venir chercher le diplôme imaginé par Mistral il y a plus d’un siècle de cela. Elles prennent le même engagement que celui que leurs aieules ont pris au tout début, porter "le costume d’Arles". Toutes n’ont pas suivi le même parcours que les trois chato de l’Escolo d’Argenço, l’arrivée de certaines dans ce petit monde de la tradition arlésienne est récentes, quand d’autres découvrent quasiment ce costume pour l’occasion. Pour autant, les chatouno n’entrent pas seules dans le monde de la tradition, chaque jeune fille est accompagné d’une marraine qui les a aidé, et les aidera dans leurs choix futurs.

Le choix de la "marraine de ruban" est important.
Le costume d’Arles est strictement codé. Il est l’équilibre, l’élégance, la beauté... Le costume d’Arles transcende la silhouette, la coiffe magnifie le port de tête. l’arlésienne est parfaite, mais cette perfection est le fruit d’un apprentissage. On n’endosse pas un tel costume sans un minimum d’apprentissage.

Apprendre à se regarder, à se juger, s’accepter, à vouloir s’embellir encore, à se trouver enfin dans le choix des tissus, des couleurs, dans la façon de se coiffer, de positionner ses bandeaux et à placer son ruban. A nulle autre pareille, l’Arlésienne est unique.

Une héroïne désespérée glisse dans la mort en arrivant aux Saintes.
Le romantisme de l’oeuvre du chantre de Maillane a fait de ce lieu le temple de la tradition moderne de cette festo vierginenco.

Mireio est une icône.

Les jeunes filles du Pays d’Arles ont ce romantisme chevillé à l’âme et ont toutes la beauté d’une fille de Mas.

La journée se déroule ainsi selon un programme maintenant bien établi, débutant par une messe donnée par l’inénarrable majoral du Felibrige, le père Desplanches qui lui permet de souligner le caractère moderne de l’action de ces jeunes filles "tradition vivante".

Un défilé se forme à la sortie de la messe pour la bénédiction des taureaux et des chevaux.

L’après midi, les arènes vibrent en coeur avec les animations données par les gardians, le groupe "Lou riban de prouvènço et l’école taurine. Les gardians ont rendu hommage aux jeunes filles qui entrent maintenant dans les arènes.

Le capitaine, la secrétaire et le trésorier distribue les diplômes, quelques mots...

Et 60 jeunes filles ont les yeux qui pétillent.

Elles ont pris le ruban aujourd’hui.

Voici ces demoiselles, Mireio des temps modernes :