Le premier mai en Arles, les Gardians font leur fête annuelle.

Chaque année plus belle et plus intense que l’année précédente, cette fête est une fête familliale, la grande famille des gardians s’y réunit pour le plus grand bonheur des badauds venus spécialement pour l’occasion.

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L’an dernier, comme tous les trois ans, ce jour a aussi été celui de l’élection de la Reine d’Arles. Caroline Serre est devenue ainsi la 20ème Reine d’Arles, assistée de ses demoiselles d’Honneur, Elodie Bretagne, Pauline Faget, Magali Nouveau, Anais Marquis, Laure Novelli et Marion Pitras. En croupe de Jacques Mailhan qu’on retrouve en pleine forme, Caroline fait sa première fête des gardians en tant que Reine, et apparaît ainsi flamboyante dans un costume jaune de toute splendeur sur une eso noire rehaussée de petites fleurs peintes de ce même jaune. Le vent frais de la jeunesse souffle sur les habitudes du costume d’Arles. Le goût est exquis et donne à son eso l’ampleur qui rend son ensemble extraordinaire. Une Reine.

Les arlésiennes sont nombreuses autour des gardians. Les réflexions vont bon train, dans les rangs des gardiennes du temple. Elles sont exigeantes, intransigeantes, et force est de constater qu’elles sont satisfaites de ce premier mai. Il faut dire... Les erreurs sont rares, ces dames et demoiselles sont splendides tout comme le sont des gardians qui ont particulièrement soigné "leur" premier mai. On parle souvent de ces dames et demoiselles en passant sous silence leurs cavaliers qui sont pourtant les véritables sujets de cette fête. Ils se sont levés tôt eux aussi, sont allés chercher leur cheval dans la boue, l’ont bichonné, lavé et se sont changés pour être à la hauteur de ces dames.

Deux mille neuf restera une grande année. Chevaux blancs, pantalons en peau de taupe et vestes noires sont autant d’écrins qui touchent à la perfection.

Le cortège s’ébranle doucement pour entendre les applaudissements de la foule sur les Lices, la place de la république et jusqu’à la place du Forum où Jacques emmène Caroline et ses demoiselles d’honneur déposer un bouquet de saladelle sur la statue de Mistral. Cérémonie annuelle qui pourtant revêt une saveur particulière. Présenté le 30 mai 1909, le monument voulu par le peintre angevin a 100 ans cette année. Un centenaire qui a failli ne jamais être en raison des péripéties de la seconde guerre mondiale qui a décapité le maître. Mais la tête fut retrouvée, et la statue inaugurée une seconde fois. Chef d’oeuvre inscrit, le chantre de Maillane a donc 100 ans l’année du 150e Anniversaire de son oeuvre majeure Mireio. Le félibre Remy Venture rend hommage à Mistral, et salue comme il se doit les gardiens de la traditions que représentent les gardians, et la Reine.

Comme chaque année, la bénédiction est donnée à Notre Dame de la Major, après un vibrant discours de Mr Laurent Ayme, décan de la Nacioun Gardiano, dont la voix semble rajeunir chaque année, forte et claquante du haut de ses 93 ans. Un discours de remerciements pour l’oeuvre et l’action du 19e Règne, de bienvenue pour le 20e... Et un deuxième coup de fer pour ce projet de "bombe" sur la tête des cavaliers après celui administré par Rémy Venture. Le père Desplanches rajoutera le sien, jamais deux sans trois, voilà au moins un sujet qui fait l’hunanimité...

La Statue de Saint Georges rentre dans l’église au bras des prieurs. Les prieurs sortant Guillaume Fabre et Aurélien Peytavin suivent les prieurs entrants Cyril et Pascal Sadargues.

Le manque de chance a poursuivi la confrérie ces dernières années, les balcons du ciel déversant des orages assassins gênant voire empêchant les festivités de l’après midi, la privant seule manne financière pour cette association dont le seul but depuis 1512 est l’aide aux gardians.

Cette année tout est parfait, le temps est beau et clair. et les arènes se remplissent pour assister à la démonstration de ces hommes de métier.

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En préambule, le Président de la confrérie prend l’étendard des mains d’olivier Faure, Capitaine 2008 pour le remettre à Guy Allard qui lui succède à ce poste. Arrêté au centre de la piste par Mr Jonin, il reçoit l’hommage appuyé de ses hommes, fers levés pour témoigner de leur admiration et de leur respect. Mr Yonnet fête cette année les 150 ans de sa manade. L’homme est modeste, cueilli par cet hommage inattendu et dans un geste plein d’humilité semble vouloir dire "Laissez, ce n’est rien...". L’homme reste discret et modeste, alors même qu’il a façonné la Camargue. Il quitte le centre de la piste pour se rendre sous la présidence pour associer son épouse aux applaudissements qui crépitent autour ou plutôt pour lui rendre hommage à son tour.

Zou... Temps des jeux.

Le protocole passé, il est temps de fournir au public de quoi vibrer. Entre deux démonstrations de course camarguaise données par l’école taurine d’Arles, les gardians vont jouer au jeu de l’épervier, des aiguillettes et du bouquet et faire montre de leur maestria dans le coeur de leur métier avec la ferrade en piste du capitaine, l’abrivado ou l’attente au fer des deux prieurs. Ces dames de la Confrérie ne sont pas en reste et distillent un carroussel tout entier dédié à Mistral avec des mireilles en costume 1850, époque de la rédaction du poème.

Les trois heures de spectacle sont marqués d’applaudissements à tout rompre, laissant les gardians visiblement ravis et fiers.

Osco l’antico counfrarié di gardian de Sant Jorge.

C’était une belle journée...

Portfolio

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