Frédéric Mistral est mort...
Il y a une semaine aujourd’hui, il était encore venu voir la cloche "la Daiane" dont il devait être le parrain le lendemain. Il lut à voix haute les vers qu’il avait fait inscrire [1]. Mais il prit froid...
A tel point qu’il ne pût être là le lendemain.
Une mauvaise bronchite, à 84 ans finit par avoir raison du chantre de Maillane, le 25 mars 1914. Il y a un siècle.

Cent ans plus tard, il semble qu’il vient juste de s’éteindre et que le peuple est venu rendre son dernier hommage. L’église, puis le cimetière s’avèrent trop petits pour contenir cette ferveur populaire qu’il soulève encore.

La journée va passer de symbole en symbole... La Daiane sonne la messe, cette cloche qui s’était faite entendre pour la première fois en sonnant le glas du maitre.
Les mainteneurs sont venus. Ils se voient offrir une Flour de Glaujo, cette fleur qu’il écrivait tant aimer dans Memori e Raconte : Mai, de tout acò, lou mai que me fasié gau à iéu èro la flour di glaujo. Es uno grando planto que sort à bèlli mato au ribeirés dis aigo, emé de lòngui fueio en formo de coutello e de bèlli flour jauno requinquihado en l’èr coume d’alabardo d’or. Memamen, es de crèire que la flourdalis d’or, armo de Franço e de Prouvènço, que lusissié sus founs d’azur, n’èro que de flour de glaujo : flourdalis vèn de flour d’iris, car es un iris la glaujo, e l’azur dóu blasoun represènto bèn l’aigo ounte la glaujo crèis.
Angélique Marçais, sa reine, la reine du félibrige est présente, et accompagnée de son autre reine, Astrid Giraud la reine d’Arles.

Plus encore que le poète, les idées pour lesquelles il s’est levé, il a combattu avec toute sa verve et son âme sont plus vivants que jamais. Tous souligneront son oeuvre et ses répercussions un siècle plus tard.

C’est le président de Région, Michel Vauzelle, qui soulignera le premier ces exploits, depuis Mirèio au prix nobel, et de Calendal aux Isclo d’Or. Mais surtout le trésor du Felibrige, pierre angulaire de la respelido provençale, de cette défense du provençal qu’il avait engagé en un temps où celui-ci, qualifié de patois menaçait de s’éteindre.
A sa suite, Ce sont le Capoulié, le Capitaine de la Nacioun Gardiano ou encore Mme le Maire de Maillane qui à leur tour citent ces réalisations, ces réussites dont peuvent s’enorgueillir Mistral et ses enfants. Au jour d’aujourd’hui, 3 écoles bilingues Français Provençal existent à Martigues et Maillane , et 23 autres sont partiellement bilingues, et la Charte sur les langues régionales finira par être approuvée.

Aujourd’hui ,une nouvelle plaque est révélée à Maillane par deux Reines. Elle porte trois vers du sonnet Au Miejour, écrit en tête du trésor du Félibrige [2] :

En terro, fin-qu’au sistre, a cava moun araire ;
E lou brounze rouman e l’or dis emperaire
Treluson au soulèu dintre lou blad que sort...

Une occasion de plus de célébrer la gloire de Frédéri Mistra. L’année Mistral ne fait que commencer, nombre d’autres occasions de reparler du Maitre, de ses oeuvres, de ses actions ou de son impact sur la société et la culture d’alors, et d’aujourd’hui se produiront ici, ou ailleurs en pays d’Oc.

Il n’aura manqué qu’une chose, la voix de ses reines... Pour le reste, tous les discours ont été faits ou terminés en provençal, un effort des plus appréciés.

Plutôt que de commenter ces allocutions, permettez nous de vous les restituer ici :

[1Cloche, voix de Dieu, nos allégresses harmonise tes carillons, et pieusement sur nos amertumes étend tes glas, et longtemps Daiane, sonne a Maillane, pour réjoui le coeur et nous tenir d’accord

[2

Au Miejour
 
Sant Jan, vèngue meissoun, abro si fiò de joio ;
Amount sus l’aigo-vers lou pastre pensatiéu
En l’ounour dóu païs enausso uno mount-joio
E marco li pasquié mounte a passa l’estiéu.
 
Emai iéu, en laurant, e quichant moun anchoio,
Pèr lou noum de Prouvènço ai fa ço que poudiéu ;
E, Diéu de moun pres-fa m’aguènt douna la voio,
Dins la rego à geinoui vuei rènde gràci à Diéu.
 
En terro, fin-qu’au sistre, a cava moun araire ;
E lou brounze rouman e l’or dis emperaire
Treluson au soulèu dintre lou blad que sort...
 
O pople dóu Miejour, escouto moun arengo :
Se vos recounquista l’empèri de ta lengo,
Pèr t’arnesca de nòu pesco en aquéu Tresor.
 
7 d’óutobre 1878.

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