Les cloches du village sonnent à tout rompre. Le début d’une grande fête pour le village, et ses habitants.

Comme souvent en Provence, la messe ouvre le bal, elle fait partie intégrante des festivités. Le recueillement n’est pas feint dans la nef, les mouriésens sont venus écouter sagement la messe en Provençal. Dernières entrées, les Maillannaises traversent la nef au son des galoubets des cigaloun arlaten.
Elles prennent place dans le choeur, leur velet rend leur présence presque irréelle derrière l’autel.

La célébration terminée, le cortège se met en place. Il va dérouler son long ruban multicolore à travers les rues du village. Explosions de lumières et de sons, les applaudissements le disputent au sons des instruments.

Les passants se sont depuis longtemps arrêtés. D’abord parce que personne ne veut prendre le risque de manquer ne serait ce qu’une miette de ce spectacle, ensuite parce que le succès est tel que plus un mètre carré de trottoir n’est disponible.

Les tableaux que le metteur en scène a dessiné avec maestria se succèdent pour le plaisir de tous. Les formations sont venues des quatre coins du pays d’Oc pour offrir au parterre assemblé un peu de leur tradition. Les plus lointains participant ont quitté Rodez à 3heures du matin, mais ils viennent aussi de Nice, la Valette, Pertuis, Avignon, Gémenos, Marseille, Vitrolles, Mont-Favet, Nîmes, Martigues, Tarascon, Fourques, Arles, Eygalières, Maillane, Eyguières ou Mouriès...

Vingt cinq formations défilent aujourd’hui et se rejoignent pour former une ronde, le commencement du second tour rejoignant habilement la fin du premier tour. L’effet produit est saisissant. Pas de début, plus de fin, juste un cortège sans fin de couleurs, un village peuplé de sons, crépitant d’applaudissements.

La pause n’en est pas vraiment une, Mouriès ne désemplit pas. A peine le temps de se tourner que les arènes sont pleines "a bloc" pour assister à la Finale du Trophée des Olives vertes. Mais les gradins se sont remplis aussi pour assister aux prestations des groupes invités. Ils se succèdent encore avec joie pour ravir le public conquis le matin. Si en contrepiste beaucoup font déjà la course, bouillant en attendant les biòu, les gradins eux savourent, rythment même spontanément les danses des martégaux, des marseillais... de tous les danseurs.

Les cigales ont chanté fort dans les arènes.

Au comble du bonheur, l’hommage rendu aux photographes Jean Mansuy et Michel Naval, et au maître de cérémonie de la journée Patrice Blanc. Au comble du malheur, le décès dans les gradins de Marcel Passeraud, terrassé par une crise cardiaque en regardant le spectacle.

Passé les chants, la course se déroule dans les arènes pendant que les groupes, eux, continuent leur marathon dans les rues ou sur le parvis de l’église. Ils dansent et dansent et dansent...

Quelle fête mes aieux...

Décidément Mouriès fait bien les choses.

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