J’ai pleuré lorsque Mireille meurt, là, sur la place de l’église. Nous sommes aux Saintes Maries de la Mer, la veille de la Festo Vierginenco et Mireille vient à l’instant de pousser son dernier soupir, de prendre la barque avec les Saintes.

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La troupe "Nouvelle Energie" de Graveson a relevé le défi avec Brio. Ils viennent de donner une représentation extraordinaire de l’oeuvre de Frédéric Mistral. Quelques puristes auraient préféré qu’un soir aussi plein de symboles la pièce soit dite en lengo nostro, mais force est de constater que la puissance des vers du chantre de Maillane s’accordent tout aussi bien du franchimand.

Le livret est de Mr Laurent Ayme, Décan de la Nacioun Gardiano. L’essentiel du poème est là. Les acteurs insufflent une vie extraordinaire dans ces personnages si haut en couleur. L’intransigeance de Maitre Ramon, la foi de Taven, la rage d’Ourrias, la fougue de Vincent et l’irresistible envie de vivre de l’héroïne coulent de source dans les lèvres et le jeu de cette troupe qui revit cette tragédie sous nos yeux.

Et pourtant, pourtant...

Ce ne sont que des amateurs.

Et c’est peut être leur drame. Ils ont donné le meilleur d’eux même là où bon nombre de professionnels auraient jeté l’éponge.

Le site ne se prêtait en rien au jeu de cette pièce. Ils s’en sont excusés, comme si cela avait été leur faute. Braves acteurs...

Que pouvaient ils faire de plus qu’ils n’ont fait. Ils ont joué Mirèio de Mistral dans le lieu le plus symbolique qui soit : la place de l’église des Saintes Maries de la Mer, le jour le plus symbolique qui soit, terminant la représentation à la première heure du jour où la ville reçoit les 61 héritieres de l’infortunée pour le 150e anniversaire de la parution de l’oeuvre, et l’année du centenaire de la Nacioun Gardiano.

Au milieu de ces symboles, "on" a laissé jouer une troupe. En leur offrant comme auditoire des bancs d’école, en les privant de scène, de coulisses, et sans gradins.

Loin de décevoir, les acteurs ont donné tout ce qu’il pouvait, ont fait fi des éclairages, et de l’absence de noir gachant leur mise en scène, essayant tant bien que mal de sonoriser un espace impossible, face à un public dont ils savaient bien qu’il ne pourrait rien voir et n’entendrait que difficilement.

J’étais au premier rang. J’ai souri, ri, grondé et pleuré au fil des chants de la pièce. Pas loin de moi, les yeux brillants de la Reine d’Arles et de ses demoiselles d’honneur ont résonné des mêmes échos, leurs lèvres murmurants les vers avec les acteurs.

Nous étions au premier rang, faisant partie des rares privilégiés qui ont pu assister à cette représentation dans de bonnes conditions.

Nous avons réservé une standing ovation aux acteurs qui le méritaient mille fois. Bien des gens sont restés. Au 6e rang on n’y voyait rien et on n’entendait pas la moitié des répliques.

Au huitième rang, les sourds étaient aussi aveugles.

Ils sont partis, dépités...

Les recevoir ainsi était une insulte.

L’année est encore longue et je ne doute pas que l’affront soit levé, et qu’ils soient invités à jouer cette pièce dans de bonnes conditions, qu’ils puissent cueillir les fruits de leur travail.

Osco la Nouvelle Energie de Graveson.

Jouez nous Mireio, une fois de plus.

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