En bon marseillais, j’aime les panisses. Mais c’est un mets difficile à trouver hors les murs de la ville. Je cherchais donc un moule à Panisses.
Après une vaine recherche sur le Net, j’ai finalement fait ce que j’ai mille fois conseillé... Je suis allé Chez Empereur. Et vouais, si ca existe, ils l’ont, sinon il n’y a plus qu’à laisser tomber.

En effet, une fois de plus la maxime s’est vérifiée. J’y ai trouvé mes moules, et un parfum d’enfance. Je passais souvent dans le coin, ma grand-mère possédant le tabac "La caravelle" une cinquantaine de mètres plus haut, dans la rue d’Aubagne. Le quartier y était haut en couleur, la journée y était rythmée par "Belle Rose" la marchande de fleurs qui arranguait le client avec son "Belles Roses, Qui veut des belles roses..." d’une voix puissante qui la disputait à la gouaille du marchand de volailles juste à coté qui vendait des poulets "Beaux et pas chers...".
Accoudé à l’estanco des vrais "Chichis marseillais", je m’amusais avec ce vendeur qui faisait ses préparations pour panisses et chichis, à les voir rivaliser de puissance et de modulation.
Et de fait, j’étais souvent chez Empereur... Un tire bouchon, une passoire, un couteau de poche, une serrure, de la ficelle...
Si ça existe, ils l’ont, pourquoi aller ailleurs.

Le quartier a changé. Personne n’y vend plus de chichis, ni de fleurs. Le marchand de volailles d’hier vend de la téléphonie, et le tabac a disparu.

Laurence Renaux Guez, dans sa boutique

Mais tel un phare dans une mer déchaînée, la plus ancienne quincaillerie de France est toujours là. Singulier accident dans un monde jetable, dans lequel le pratique a supplanté le durable, cette maison a gardé ses principes. La Maison Empereur a été fondée en 1827, à quelques pas de son emplacement actuel, à la Bourse par François Empereur, taillandier de métier.
Elle s’est installée rue d’Aubagne en 1845, s’est étendue en 1862 avec Louis, le fils de François, quincaillier en ferrement. Et l’histoire se poursuit dans la famille. Alfred prend la suite en 1890 suivi par son gendre Paul Renaux en 1922 qui la transmet en 1960 à son fils Roger et son épouse Jeanne.
En 2000, la sixième génération prend à son tour le relais. Laurence et ses enfants sont maintenant les maîtres à bord d’une véritable institution dans le paysage marseillais. On vient à Marseille pour voir "la Bonne Mère et la maison Empereur" est il coutume de dire.

Et pour cause.

La qualité des articles proposés, leur esthétique, leur solidité contrastent à l’heure de "l’obsolescence programmée". Tout ici mériterait d’être acheté. Des jouets pour enfants aux articles de cuisine, des couteaux aux outils, des pigments aux "fils aux chinois", tout le monde trouve son bonheur dans ce magasin. Un magasin splendide dans lequel de multiples salles présentent admirablement ce qu’il vend. Loin d’être l’arrière salle fouillis d’une vieille échoppe, il y a ici un extraordinaire effort de présentation.
Laissez vous porter par la magie des lieux. Vous y trouverez ce que vous cherchiez, ce que vous n’espériez plus jamais voir, et ce que cherche tel ou tel de vos amis.

Ce sont beaucoup d’objets d’hier, en fait ce sont surtout des objets de demain, ceux qui seront encore chez vous quand vous aurez jeté ce que vous avez acheté ailleurs parce que cassé ou trop laid pour en supporter encore la vue.

J’oubliais... Vous y serez reçus à l’ancienne, avec un bonjour qui vous souhaite vraiment la bienvenue, un sourire franc et les meilleures attentions du monde. Un plaisir.

Ici, c’est différent.

Longo maì à cette institution.

Découvrez la boutique et sa caverne d’Ali Baba sur http://www.empereur.fr

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