Noves fête le saint patron des orfèvres, des forgerons et des charretiers.

La fédération Alpilles Durance commence la saison par la société de Saint Eloi de Noves.

L’histoire de la charrette novaise...

Cette histoire recommence en 1994. Un camion roule vers Chateaurenard. Sur la départementale, il sort de la route et détruit au passage l’oratoire de Saint Eloi. Le Patrimoine prend la décision de faire reconstruire l’oratoire. Décision prise, il est remonté en 1995, précisément pour le 125ème anniversaire de sa première édification. Pour cette occasion, la fédération des carreto ramado est appelée afin de célébrer l’évènement.

La fédération répond favorablement. Ne s’agissant pas d’une société de Saint Eloi, La charrette qui vient est composée de 12 chevaux représentant les 12 sociétés la composant alors. L’accueil réservé à cette charrette est tel, que la fédération constitue une société à Noves dans la foulée.

Cette charrette sera à l’image de ce qu’elle représente. Cette charrette sera une représentation fidèle de ce qu’elle était. Peu de représentations existent, les charrettes se sont arrétées en 1936, cela fait loin. Mais une photographie, et les témoignages de quelques anciens permettent de la redessiner fidèlement.

Les charrettes représentaient une culture marquante dans le village dans lequel elle était constituée. Maussane par exemple la composait de ses arbres principaux : peupliers, ormeaux et frènes.

Noves comptait l’asperge dans ses cultures principales. Cette charrette est montée à partir de cette culture principale.

Un parcours recréé.

On ne peut que supposer, mais... L’idée est plaisante. La charette aujourd’hui passe par l’enfilade de porches. Il est fort probable qu’il en était déjà ainsi au début du siècle.
Le parcours a changé, par la force des choses. La charrette devait partir de l’oratoire, venait en ligne droite à travers le porche devant l’église et partait ensuite pour la montée et la série des 3 portes en enfilade pour redescendre par l’avenue actuelle qui comportait à l’époque deux portes supplémentaires.

Aujourd’hui, l’entrée dans le village ne peut plus se faire par le porche. Une herse décorative a été posée sur la porte dans l’axe de l’oratoire. En réduisant la hauteur utile de la porte, cette herse interdit le passage de la charrette. Dommage disent les charretiers, l’arrivée en ville serait grandiose si elle pouvait se faire selon ce trajet séculaire.

Une flèche de 50 chevaux.

"Vous voulez voir un beau cheval ?" m’entends je héler...

_ Et de me montrer Marco, un breton, son breton. Un hongre "pleins papiers" de 5 ans, issu des haras d’Uzès. C’est vrai qu’il est beau cet animal. Sa musculature roule, sa puissance impressionne. Mais ce matin on peut dire cela de tous. La carreto ramado c’est une cordaire de 50 chevaux lourds, la plupart de race comtoise. C’est à cause de leur rusticité. Ils sont solides, ont peu de problèmes de soles, et un système digestif moins fragile que certaines autres races dont le breton justement, m’explique le propriétaire de Marco.

Aujourd’hui, une jument est à la tête, c’est Bohème la jument de Patrice président de la Fédération. A chaque société ses règles quant au nombre de chevaux et aux places d’honneurs. A Noves la Charrette est une corde de 50 bêtes, emmenée par les prieurs de l’année. Ce sont Christin et son fils Sébastien, président de la société novaise . Louis mènera donc Bohème à travers les rues du village et Sébastien accompagnera Melchior. Les prieurs de l’année précédente sont dans la charette.

Dix Sarrazins

Avant le départ, il faut préparer les harnachements. Noves a commandé 10 sarrazins. Ces harnachements ont été amenés là par Marcel Boyer. Il connaît bien ces accessoires, il les a fabriqués !
Impressionnant si l’on songe au travail que cela représente. Plus de 300 heures de travail sur chaque bride, 150 heures de plus sur le reste de l’équipement... Et le résultat est extraordinaire.

Tour à tour les chevaux sont amenés au maître artisan pour leur équipement. Tous ne se laissent pas faire. Les miroirs et les grelots sont quelquefois mal ressentis. Surtout que le temps tourne et quelques chevaux s’énervent. Un d’entre eux refuse même catégoriquement la bride... Une prochaine sortie peut être...

Les 10 chevaux sont enfin équipés. Il ne reste plus qu’à former l’attelage. Et quel attelage...
La corde se forme, le cavihié mène son cheval et prend sa place au bout du bout du bout de cet assemblage.

La Bénédiction

La messe se termine, laissant le temps aux arlésiennes de se placer. Nathalie Chay, XIXème Reine d’Arles est venue accompagnée par Marjorie Isouard, demoiselle d’honneur. Elle doutait de pouvoir venir. Traditionnellement le mois de Juin est une période plutôt chargée...
Mais elle y tenait, elle est là...
Le défilé se forme, les applaudissements montrent à à tous les participants à quel point les novais aime cette fête. La calèche de la Reine arrive, emmenée au pas espagnol, déclenchant une salve d’applaudissements.

Enfin elle arrive.

_ Les prieurs bien sûr, la corde, le cavihié et enfin le limonier, Michel et Patrice.
Le temps d’une bénédiction, la charette se lance à l’assaut des portes et traverse le village. Elle est saluée par tous, et semble se nourrir de ces vivas. Un puis deux puis trois passages...

C’est déjà fini...
Dommage, on l’aurait bien regardé encore...

L’an prochain surement...

En attendant, il est l’heure de l’apéro au Mas des Prieurs. Un verre, des remerciements, la Coupo Santo...

Que du bonheur à Noves.

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