Etait-ce un 10 avril ou le coeur de l’hiver ? Janvier fut digne d’un printemps, mais ce matin n’incitait pas à sortir.
Comme me l’écrivait il y a peu une de mes chères Arlésiennes : “Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, rien n’arrête une Arlésienne !” . Cette maxime résume toute leur grandeur, leur courage et s’est vérifiée une fois de plus : elles étaient bien là, frissonnantes sur le parvis de l’église d’Eygalières, pour ce traditionnel roumavage du mardi de Pâques. Peu nombreuses, il est vrai, mais la température inamicale n’en était pas la cause ; les vacances sont terminées, les enfants sont en classe et leurs parents au travail.
Au premier abord, la comparaison avec le pélerinage de l’an passé semblerait décevante, mais cette impression est de courte durée, car l’esprit et la ferveur effacent ce sentiment fugace, et ce, dès la formation du cortège, entraîné par les airs du groupe Li Cacharello, immédiatement suivi du buste de Saint Sixte.

La chapelle, sur sa colline, reçoit son public, à chaque fois ému par sa modestie et son implantation entre plaine et rochers.
Elle a été érigée dans un cadre splendide, digne ambassadrice de notre Provence. Pourtant, de près, elle fait peine à voir ; elle mériterait de recevoir l’attention d’une relativement simple restauration et d’un sérieux entretien.

Le service religieux a été célébré à l’arrière du mur de son jardin, dans la froidure persistante. Demande est faite à Saint Sixte de continuer à protéger et le pays et les récoltes. Le recueillement de l’assemblée touche toutes les personnes présentes, croyantes et non croyantes.
Un souhait, juste en passant : il serait si agréable d’entendre résonner à nouveau dans ces collines la « Cantato a Sant Sist » dont les paroles furent écrites par le Félibre Ludovi Souvestre et mises en musique par le Félibre Péire Pons.

Dau ! Dau ! Vers l’antico capello
Gènt de la Plano e de l’ermas
De Sant Sist la fe nous apello
Fidèu roumiéu pressèn lou pas

Les tous jeunes enfants jouaient sous le porche de la chapelle, à l’abri du vent, sous le regard attentif de la mamette ou du papet.

Avant de se disperser, en lieu et place de la traditionnelle farandole, impossible à exécuter vu le nombre trop restreint de participants, le groupe Li Cacharello a exprimé sa joie par quelques danses qui ont réchauffé et l’âme et le coeur.

Quelques mots à propos de la chapelle Saint-Sixte

Construite sur un ancien site de culte païen des eaux, la chapelle Saint-Sixte a été mentionnée pour la première fois dans une bulle du pape Adrien IV en 1155 et dépendait de l’évêché d’Avignon.
Au XIIIème siècle, elle passa sous la dépendance des abesses de Mollégès (avril 1222). C’est à partir de cette date qu’eut lieu chaque mardi de Pâques le célèbre Roumavage.

Simple chapelle à l’origine, le magnifique porche lui fut adjoint suite à la peste de 1629. Il servit de poste de guet et la chapelle fut ainsi transformée en lazaret jusqu’en 1720.

Plusieurs ermites l’ont choisie comme lieu de méditation jusqu’en 1855.

(Source : Eygalières par S. & M. Pezet - Ed. Equinoxe -1991)

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