Ouverture de l’année Mireio en Arles
Mirèio a vu le jour de la Chandeleur, le 2 février 1859, un symbole dans la présentation d’un enfant, d’une jeune fille de Provence dont le destin tragique va sonner le renouveau d’une langue et d’un peuple.
Cela fait donc 150 ans aujourd’hui.
Cent cinquante ans, un prix nobel, les éloges de Lamartine, des traductions dans plus de 30 langues, une adaptation pour l’opéra et d’autres pour le cinema.
Et vous ? l’avez vous lu, l’avez vous relu ?
Cette question ne sera pas posée ce dimanche dans la salle d’honneur de la Mairie d’Arles. En ouverture de cette année Mireio, le comité des fêtes de la ville d’Arles veut rendre hommage à cette éternelle jeune fille et rendre hommage à sa projection aujourd’hui en la personne de sa reine venue accompagnée de ses demoiselles d’honneur.
L’après midi concoctée par Festiv’Arles s’appuie sur des invités prestigieux, au rang desquels on peut voir Mr le Maire, heureux que tant de monde se soit déplacé pour cette célébration, le baptême de cette nouvelle année, mais aussi et surtout celui qui vivant symbolise l’oeuvre monumentale du chantre de Maillane en la personne de Jacques Mouttet, capoulié du Félibrige.
Entre les discours de ces deux Magistrats, des lectures, des saynettes, des intermèdes musicaux sont proposés au parterre. Si la salle de la mairie avait été deux fois plus vaste, elle n’en aurait pas été moins pleine. Mireio est une muse enchanteresse, et à son appel tout le Pays d’Arles a fait le déplacement. L’ambassadrice du Riz, Reneissenço, l’Arlatenco, l’Escolo d’Argenço, l’Estello de l’aveni, la jouvenço dintre Mar e Rose et tant d’autres, qu’on les sait tous représentés... Les gardiens de la tradition se bousculent tant à l’entrée, qu’il serait vain d’essayer de les citer tous, ceux qui ne sont pas là n’ont pu venir ou n’ont simplement pas pu entrer dans cette salle qui semblait pourtant si grande vide.
Caroline entre :
Cante uno chato de Prouvènço.Dins lis amour de sa jouvènço,A travès de la Crau, vers la mar, dins li bla,Umble escoulan dóu grand Oumèro,Iéu la vole segui. Coume éroRèn qu’uno chato de la terro,En foro de la Crau se n’es gaire parla.
Lou mas di Falabrego...
Elle est suivie de ses demoiselles d’honneur : Marion, Laure, Elodie, Magali, Pauline et Anais qui tour à tour égrènent les strophes du Cant Proumié.
A leur suite, un majoral du Félibrige Remy Venture prend le fil du texte, et démarre une série de lectures données par un acteur, une professeure de Provençal, Philippe Brochier... Et d’autres encore. Et chantent les vers, et chante la langue.
La musicalité du Provençal n’a pas d’égale. Mireio a transformé par sa profondeur, sa modernité, sa dimension lyrique cette langue reléguée au rang de patois pour en faire un étendard, le symbole d’un peuple, sa langue.
Et cette après midi la lengo nostro résonne dans cette salle de la mairie. On se plait à courir avec Lou Cri et Lagalante. On se nègue en passant Lou Rose avec Ourrias...
Mireio fourmille de scènes riches, tragiques, gaies, utopiques.
Mireio est intemporelle, puissamment moderne, comme peut l’être Roméo et Juliette, ou une tragédie grecque.
De l’héroine à son costume il n’y avait qu’un pas que franchit Mme Pascal. Le costume dit de Mireille, le costume en cravate est loin de représenter Mireio allant aux saintes.
L’oeuvre a été écrite en 1850, bien avant l’apparition de ce costume. Mireio s’habille pour aller jusqu’aux Saintes et ceint sur son front un ruban bleu
Em’ un riban a bluio tencho,Diadèmo arlaten de soun front jouine e fres.
Cette digression vers le ruban permet une transition vers le cadeau fait par Vivier-Merle. Le tisserand et sa sabreuse, serais je tenté de dire, sont descendus de la Loire pour offrir à la Reine des rubans, et au parterre un fragment d’oeuvre. Mme Faure est venue sabrer un ruban, et montrer ainsi l’étendue de son art.
Le Tisserand offre un ruban vierginen aux reines d’Arles. En écho à ce cadeau, celles qui ont pu se libérer sont venus acter ce cadeau. Sabine Mistral, Aurore Guibaud, Elisabeth Ferriol, Annie Berard, Henriette Bon et Myriam Yonnet encadrent Caroline et ses demoiselles d’Honneur et remercient en coeur Mr Vivier-Merle.
Encore quelques trilles d’André Gabriel.
Encore quelques lectures...
Une après midi de poesie, dans une salle comble...
Qui le croirait ?
Laissez vous tenter par quelques vers.
Lisez Mireio, relisez Mireio.
Et redécouvrez à chaque lecture une des facettes de cet ouvrage aux mille dimensions.
Vous le trouverez proposé au téléchargement sur http://gallica.bnf.fr