A la Découverte de la Crau
E dins lou pargue recampaire,I’avié li pastre de soun paireQu’anavon deja móuse ; e d’ùni, ‘mé la manTenènt li fedo pèr lou mourre,Inmoubile davans li fourre,Fasien teta lis agnèu bourre.E de-longo entendias quauco fedo bramant…D’autre couchavon li manteroVers lou móusèire ; à la sourniero,Asseta su’no pèiro, e mut coume la niue,Di pousso gounflo aquest tiravoLou bon la caud : lou la ‘spiravoA long raiòu, e s’aubouravoDins li bord escumous dóu cibre, à visto d’iue.Li chin èron coucha, tranquile ;Li bèu chinas, blanc coume d’ile,Jasien de-long dóu cast, ‘mé lou mourre alounga,Dins li ferigoulo, CalaumoTout à l’entour, e som, e chaumoDins lou campras que sènt qu’embaumo…Lou tèms èro seren, e sol, e ‘perluca.Mirèio, Cant VIII
Le rendez-vous était fixé à 14 heures à l’Ecomusée de la Crau, à Saint Martin de Crau.
Dans le cadre de l’exposition « Transhumances, de la Provence à l’Alpe » orchestrée par Patrick Fabre, une sortie de découverte nature est proposée.
Mais avant de partir sur le terrain, l’humble auteur de cette exposition nous propose de découvrir ses somptueuses photographies qui sont le fruit d’une vingtaine d’années de passion.
Ses commentaires nous permettent de voyager avec ces moutons de race « mérinos » au départ de la Crau jusque sur le long chemin des estives situées sur les espaces protégés du Mercantour, de l’Ubaye, du Briançonnais, de l’Oisans, du Vercors et même parfois de la Vanoise. C’est alors que les paysages défilent, que des portraits des bergers se dressent pour enfin évoquer la Maison de la Transhumance. Elle pourrait voir le jour en 2010 à Saint Martin de Crau et plus précisément sur le Domaine des Aulnes. Celle-ci permettrait de pérenniser le travail que l’association de la Maison de la Transhumance a entamé depuis 1997.
Assez parlé, le soleil et le faible mistral nous attendent à Peau de Meau [1].
Peau de Meau est un endroit unique en Europe car c’est l’un des derniers terrains de Crau où la steppe est conservée. C’est aussi un lieu chargé d’histoire…
Toujours en compagnie de Patrick Fabre, nous allons évoluer dans les coussouls [2] de la Crau sèche en suivant les bons conseils du jeune berger Alàri, dessiné sur les panneaux explicatifs du sentier pédagogique (inauguré en juin 2008).
_ Avant d’aborder les thèmes autour de l’écosystème de la Crau, nous croisons le regard d’une première bergerie dénommée « l’opéra », qui est pour le moment inoccupée. Puis une seconde, dont nous nous rapprochons peu à peu… Il y a bel et bien un troupeau ici, il ressemble à d’énormes galets parsemés par-ci par-là ! Quelques pas plus
tard, nous venons à la rencontre du maître des lieux accompagné de Mohammed, son aide-berger. Ils nous accueillent et nous font partager leur métier-passion. Mais très rapidement nous sommes encerclés par trois individus… Ce sont les 3 gardiens à 4 pattes du troupeau. Tous ont un rôle bien précis : tout d’abord, le « Patou » qui va au devant des bêtes, en montagne, pour assurer un minimum de sécurité au sein du troupeau. Puis, un border collie qui garde les moutons et enfin un chien de Crau qui assure la même fonction que le précédant mais qui est plus efficace.
Nous nous avançons à nouveau vers le bâtiment où nous apercevons des sculptures murales. Les bergers des siècles derniers, aux noms de consonance italienne, ont voulu témoigner de leur passage à travers ces graffitis pastoraux.
Mais tout à coup, la voix d’une joyeuse enfant nous alerte :
- « Venez voir, venez voir ! ». Oui effectivement, il y avait non loin de là, une immense cour de récréation. Entre sauts artistiques et galipettes, nous étions rentrés dans le royaume des agneaux !
Au moment où le berger nous autorise à rentrer dans l’enclos, un grand ballet commence entre la bergerie et le pré… Mais… que se passe-t-il dans la bergerie au juste ? Chuuuut ! Une maternité géante s’ouvre à nous... Nous profitons de saluer le dernier arrivé, il y a seulement quelques petites heures… mais il est déjà temps de nous remettre en route pour la dernière étape : la bergerie romaine.
Savez-vous que l’on en dénombre encore environ 130 sur les 167 ha de la Réserve de Peau de Meau ?
Il est temps de regagner nos voitures, car le froid se fait de plus en plus sentir…
Nous avons passé une très agréable après-midi. Nous repartons chacun de notre côté avec de riches explications sur la Crau, sa formation, sa faune, sa flore et l’activité humaine qu’elle draine autour d’elle… mais avant tout des images plein la tête…
[1] Peau de Meau : lieu règlementé (Réserve naturelle), demandant une autorisation préalable à retirer auprès de l’Ecomusée de la Crau.
[2] Coussouls : d’origine latine, signifiant un parcours (à mouton)